Le gouvernement intérimaire égyptien, formé deux semaines après la chute du président islamiste Mohamed Morsi, rencontre d' importants défis politiques et économiques, les forces islamiques ayant refusé de faire partie du cabinet et les Egyptiens attendant beaucoup de ce changement, selon les analystes.
LE REJET DES FRERES MUSULMANS
Le nouveau gouvernement, dirigé par le Premier ministre Hazem Beblawi, a prêté serment mardi alors qu' aucun parti islamiste n' a accepté de portefeuille ministériel, car les Frères musulmans (FM) ont refusé toute proposition du gouvernement, demandant le retour à tout prix de M. Morsi au pouvoir.
"Un mélange de technocrates et de personnalités révolutionnaires dans le nouveau gouvernement sans islamistes rend sa mission impossible", a déclaré Yousri el-Azabawi, expert politique du Centre Ahram pour les études politiques et stratégiques.
Le cabinet qui compte 34 ministres comprend trois ministres coptes et quatre ministres du Front du salut national (opposition), qui occupent les portefeuilles de l'Industrie et du Commerce, de la Coopération internationale, de l' Education supérieure et de la Solidarité sociale.
Ahmed Aaref, porte-parole des FM, a déclaré que le groupe rejetait le nouveau gouvernement car il était "issu d' un régime illégitime qui ne pouvait pas être reconnu".
"Les dirigeants des FM cherchent la violence et n' arrêteront pas à moins qu' ils obtiennent la garantie d' une sortie s?re", a déclaré à Xinhua M. Azabawi, ajoutant : "Nous avons besoin d' un vrai dialogue de réconciliation différent du dialogue superficiel qui a assombri le règne de Morsie".
M. Azabawi estime également que la nouvelle formation du gouvernement n' a pas répondu aux attentes de nombreux Egyptiens car elle ne compte aucun jeune.
Ahmed Baan, chercheur politique au centre Ahram pour les études stratégiques et politiques et ancien membre des FM, a déclaré que le nouveau cabinet avait envoyé des signaux négatifs aux jeunes qui sont descendus dans la rue pour demander des changements, et ne pouvait satisfaire leurs attentes.
ATTENTES ECONOMIQUES
Le nouveau gouvernement doit sauver l' Egypte de sa crise économique grave, a ajouté M. Azabawi.
L' Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont approuvé la semaine dernière des aides financières de huit milliards de dollars américains pour l' Egypte, message rassurant pour les Egyptiens qui
s' inquiètent pour leur économie. Mais les analystes estiment que ces aides ne sont pas la solution magique qui résoudra une fois pour toute la crise économique égyptienne.
Parmi les priorités du gouvernement Beblawi, il y aura certainement la conclusion d' un prêt de 4,8 milliards de dollars négocié depuis longtemps avec le Fonds monétaire international (FMI), a indiqué Abdel Aziz Hegazy, professeur en finance à l' Université américaine du Caire.
Malgré les sommes importantes re?ues des pays du Golfe, M. Hegazy considère quand même que le prêt du FMI est une nécessité. "Il donnera des assurances et de la confiance aux investisseurs et aux autres institutions monétaires internationales dans l' économie égyptienne", a-t-il ajouté.