Avec l'Ethiopie et l'Erythrée, Djibouti est l'un des trois pays de l'Afrique disposant encore qu'un seul opérateur - Djibouti Télécom - qui offre l'ensemble des services de télécommunications et qui détient le monopole sur les communications nationales et internationales.
Cette situation est pointée du doigt par plusieurs institutions internationales et partenaires au développement de Djibouti dont la Banque Mondiale qui vient de rappeler dans une nouvelle étude que le niveau de prix élevé, conjugué avec un " service de faible qualité", constitue un handicap très sérieux pour la compétitive de Djibouti, réduit son attractivité et affaiblit son positionnement en tant que plate-forme régionale.
"Cette situation conduit à l'exclusion d'une grande partie de la population qui n'a pas les moyens de payer les services de base offerts par l'opérateur national. En particulier, le prix d' internet est prohibitif, et seules les entreprises, les organismes étrangers et quelques particuliers aisés peuvent se permettre d' avoir des connexions internet haut-débit, souligne cette étude", indiquent-elles.
En effet, le tarif appliqué par Djibouti Télécom pour un accès ADSL à 1Mb est d'environ 36 dollars par mois, alors que le même service est proposé à 31 dollars environ par l'opérateur éthiopien Ethio Telecom. Le prix d'une connexion internet haut débit représente 50% du revenu annuel moyen de Djibouti, contre 5% au Maroc et 3,5 en Tunisie.
Bien que les tarifs tendent à baisser, ils restent excessivement élevés par rapport à ceux observés dans d'autres pas en développement.
Pourtant Djibouti dispose d'une puissante infrastructure de cables-sous-marins qui est largement sous-exploitée. Depuis 1990, l'opérateur national a su exploiter la position géostratégique stratégique de Djibouti pour se connecter à plusieurs cables sous- marins, faisant de Djibouti un passage obligé du haut-débit entre l'Asie, l'Europe, et l'Afrique.
Connecté à six cables internationaux, le pays est actuellement en négociation avec MENA-ICS pour la connexion à un septième cable.
Par ailleurs cette étude la Banque Mondiale a indiqué que l' accès aux services de télécommunications reste cependant encore limité par rapport à d'autres pays africains.
La pénétration du mobile a Djibouti qui correspondant au nombre d'abonnés en proportion de la population est passé de 5,5% en 2005 à 18% en 2010.
"Malgré la concentration de la population dans la capitale ( 60%), et la bonne couverture du territoire par le réseau, ce taux de pénétration est très faible en comparaison avec la moyenne africaine. A titre d'exemple, il se situe à 47% en Tanzanie, 62% au Kenya et 80% au Benin", rappellent les experts de la Banque mondiale.
D'autre part, l'ampleur de la fracture numérique se manifeste également par une très faible pénétration d'Internet. Djibouti ne compte en effet que 12.000 abonnés à internet, et le nombre d' utilisateurs ne représente que 7% de la population.
A ce titre, l'étude de la Banque Mondiale préconise une ouverture du marché des télécommunications qui permettrait de réduire les co?ts et d'améliorer la qualité du service.
"Dans le cadre d'une ouverture du marché à la concurrence, le repositionnement de Djibouti Télécom sur son domaine d'expertise permettrait à l'opérateur d'accroitre son efficacité et ses revenus. L'expérience internationale montre que cette transformation du secteur doit se faire de manière coordonnée avec l'ensemble des acteurs du secteur, dans le cadre d'une stratégie claire et réaliste, accompagnée de la mise en place d'un cadre légal et réglementaire adéquat, et en s'assurant que la vente aux enchères de licences soit transparente et équitables", note le document de la Banque mondiale.
Crée en 1999 après de la fusion de plusieurs départements, le chiffre d'affaire de Djibouti Telecom est projeté à plus de 80 millions USD pour l'année 2012, (équivalent à 7% du PIB).
Avec un résultat net qui devrait dépasser les 16,5 millions de dollars américains, l'unique opérateur de ce pays occupe également une fonction sociale avec à l'emploi d'environ 1.000 personnes (un effectif considéré comme élevé au regard du nombre d' abonnés) et la subvention de plusieurs services dont notamment La Poste et l'Université de Djibouti.