Si les Djiboutiens nourrissent le rêve d'exploiter un jour la géothermie dont chaque essai venait confirmer la présence de fluides au fil des années, le projet n'a pas pu aboutir pour des raisons technologiques et surtout financières. Or le gouvernement djiboutien vient de retenir la géothermie comme priorité numéro un de son programme de développement énergétique.
Le chef de l'Etat djiboutien Ismail Omar Guelleh a demandé mardi aux membres du gouvernement que tous les moyens et compétentes locales soient regroupés et mobilisés pour l' exploitation et le développement de la géothermie qui est une ressource propre et disponible sur l'ensemble du territoire djiboutien.
Le président Guelleh a annoncé par ailleurs la mise en place d' un dispositif institutionnel qui aura en charge la recherche, les études, l'exploration et le développement de cette ressource naturelle.
Un chantier d'envergure dont l'aboutissement permettra de créer un environnement favorable au climat d'affaires et d' investissements. Sans oublier une réduction du co?t de l' électricité qui répond aux attentes des populations urbaines et rurales et des secteurs porteurs de l'économie djiboutienne.
En effet, dans ce petit pays de la Corne d'Afrique qui compte moins d'un millions d'habitants, l'énergie demeure encore le principal obstacle face au développement et à la satisfaction des besoins de base de la population mais également aux activités économiques de Djibouti.
Djibouti dépend exclusivement des importations pour assurer ses besoins en énergie. Depuis 2011, elle s'alimente auprès de l' éthiopie en hydroélectricité et importe également du pétrole pour le br?ler dans sa centrale électrique.
Cette dépendance se traduit par une production et un approvisionnement en électricité à des prix très élevés, qui se répercutent sur le consommateur. Malgré la cherté des tarifs, l' offre actuelle d'électricité est insuffisante au regard de la croissance démographique et économique du pays. D'où la nécessité de s'orienter toujours vers le développement de la géothermie.
"En raison des potentialités géothermiques importantes dans notre pays qui sont estimés à près de 1000 MW, nous avons la volonté d'accélérer avec nos partenaires au développement et le secteur privé, la mise en oeuvre du vaste programme de développement et d'exploitation de la géothermie singulièrement dans les zones d'Assal, Lac Abbé, Hanlé-Gagadé,", a indiqué à Xinhua le ministre djiboutien de l'Energie, chargé des Ressources Naturelles, M. Ali Yacoub Mahamoud.
Selon la Banque mondiale, qui vient d'octroyer à Djibouti 6 millions de dollars dans le cadre du financement des recherches et de la production d'énergie géothermique, ce projet d'exploitation de la géothermie permettra de diminuer de 10 cents par kWh le co?t de la production d'électricité à Djibouti, qui se situe actuellement à 24 cents par kWh, et de sécuriser l' approvisionnement électrique. Le remplacement des centrales thermiques de Djibouti par la géothermie permettra à la société de l'électricité de Djibouti (EDD) d'économiser 57 millions de dollars par an.
Comme cette compagnie est publique, ces économies viendront alléger considérablement le poids financier que représente la production d'énergie dans le budget de l'Etat Djiboutien.
Il faut également citer les retombées positives du projet sur l' environnement, puisqu'il permettra de compenser l'empreinte carbone de Djibouti à hauteur de huit millions de tonnes d' émissions de CO2 sur un cycle de vie de 30 ans.
Les principaux bénéficiaires du projet seront cependant les habitants de Djibouti, qui verront leur facture d'électricité diminuer et donc leur pouvoir d'achat s'accro?tre. La hausse du volume d'électricité disponible, et à moindre co?t, jouera en faveur des petites entreprises, ce qui permettra de développer le secteur privé et de créer des emplois. Cette énergie bon marché favorisera également les investissements étrangers, indispensables au développement économique du pays.
Un dernier aspect tout aussi fondamental du projet, sera l' acquisition de compétences et de connaissances techniques par des institutions et organismes d'état de premier plan, comme EDD, le ministère de l'énergie et le Centre d'études et de recherche de Djibouti (CERD). Le pays développera ainsi le savoir-faire qui lui fait défaut, et pourra procéder lui-même à des prospections géothermiques sur d'autres sites prometteurs (comme par exemple celui de Nord-Goubet).
A en croire la représentante résidente de la Banque mondiale à Djibouti, Mme Homa-Zahra Fotouhi, comme la phase d'exploration du projet repose sur des fonds publics sous forme de dons et de prêts concessionnels, le co?t total du projet a diminué de 52 millions de dollars.
Outre l'Association Internationale de Développement (IDA), plusieurs donateurs se sont associés pour appuyer le projet du gouvernement djiboutien, dont l'Agence Fran?aise de Développement (AFD) et la Banque Aricaine de Développement (BAD), rejoints par le Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA), le Programme d' assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP), le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le Fonds de l'OPEP pour le développement international (FODI).
Toujours dans les domaines des énergies nouvelles et renouvelables, les autorités djiboutiennes prévoient de développer également dans un futur proche les énergies solaires et éoliennes.
"Tous ces nombreux efforts consentis par le gouvernement ont pour seul but d'accroitre de fa?on significative l'offre d'une énergie à moindre co?t pour les populations. Enfin, l'ensemble de ces projets s'insère pleinement dans la stratégie nationale qui vise la promotion des énergies vertes, et plus particulièrement de la géothermie, afin de faire de notre pays le premier pays africain exploitant et consommant à 100% des énergies vertes", a fait savoir le ministre djiboutien de l'Energie, Ali Yacoub Mahamoud.