Deux jours après l'attaque de la prison centrale de Niamey par des terroristes appartenant au groupe islamiste Boko Haram du Nigéria voisin barrières, suivie de l'évasion d'une vingtaine de détenus parmi lesquels plusieurs terroristes et de grands criminels, la population de Niamey vit dans la psychose et des interrogations.
En attaquant la maison d'arrêt de Niamey, située au centre de la capitale et en plein jour, tuant 3 gardes pénitentiaires et blessant 3 autres, ces détenus déjà poursuivis pour terrorisme avaient pour objectif, selon le ministre nigérien de la Justice, porte parole du gouvernement, M. Marou Amadou, de prendre le contr?le de la prison, en vue d'une évasion massive.
Le ministre Marou Amadou accuse, sans doute, une complicité extérieure ; "sinon comment ces détenus se sont procurés des armes à feu?", s'est-il demandé.
Cette attaque dans la capitale intervient en moins de deux semaines après le double attentat-suicide revendiqué par le jihadiste Mokhtar Belmokhtar et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui avait frappé la caserne militaire à Agadez, principale ville du nord du Niger, et l'usine de traitement d'uranium de la Soma?r, une filiale du groupe fran?ais Areva, à Arlit (plus au nord), faisant au total 35 morts dont 24 militaires, 10 assaillants et un civil.
Depuis, Niamey vit sous haute sécurité ; la menace est réelle. Ce sont des barricades, cheks-points, et autres piquets de sécurité, qui sont érigés à l'entré de la zone des ambassades, à la devanture des édifices abritant les institutions de l'Etat, au niveau des points stratégiques de la capitale, en vue de parer à toute éventualité.
Pendant que 22 terroristes sont dans la nature parmi lesquels le nommé Chedani, de nationalité malienne, qui était déjà condamné pour l'assassinat de quatre Saoudiens et d'un Américain, et alors que la population ne s'était pas encore remise des tristes évènements survenus la veille à la maison d'arrêt de Niamey, la ville de Niamey s'était réveillée dimanche sous le choc d'une autre situation tout aussi triste.
En effet, le dimanche 2 juin, en fin de matinée, des agents de la police antiterroriste, en faction devant leur compagnie, ont tiré, à plusieurs balles sur un véhicule suspect, après sommation, tuant un des quatre occupants et blessant grièvement un autre, tandis que les deux autres ont été arrêtés, pour les besoins de l'enquête. Ce fut l'indignation et l'incompréhension totale au sein de la population.
Tandis que le ministre porte parole du gouvernement, parle de véhicule de marque 4x4, avec des vitres teintées, faisant des va-et-vient, avec à son bord quatre individus, autour de la compagnie, dont conducteur avait refusé de s'arrêter aux sommations d'usage, des témoins affirment qu'il s'agit de jeunes lyciens innocents, connus de tous, circulant dans un petit véhicule, sur lesquels les policiers ont tiré à bout portant.
Depuis, c'est la psychose générale au sein de la population ; "autant l'on a peur des terroristes qui peuvent surgir à tout moment, autant on a peur également de nos forces de sécurité, qui, dans la confusion, peuvent commettre l'irréparable", a fait savoir Boubacar, un conducteur de taxi.
Dans toutes les causeries, dans tous les débats, à domicile, dans la rue, dans les bureaux, la montée de l'insécurité préoccupe tous les citoyens.
"L'Etat nigérien devrait renforcer les contr?les à toutes les frontières et partout. Parce que ?a devient terrible maintenant, notre ville Niamey est attaquée ; il faut que tout cela cesse rapidement", souhaite un autre citoyen.
D'autres Nigériens appellent à l'union. "Nous devons agir en toute maturité et n'est pas céder aux chantages et autres menaces de ces bandes de mécréant. Le Niger doit être fort et solidaire en ce moment", conseillent-ils.