Implantée en Algérie, la plus grande raffinerie de sucre au monde appartenant au groupe Cevital annonce une augmentation de capacité de production de 2 millions à 2,7 millions de tonnes l'an en 2014, selon son président Issad Rebrab dans une interview à Xinhua en marge du 21e sommet de l' Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie.
Mastodonte de l'économie africaine avec un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dollars américains en 2012 projeté à 4 milliards de dollars cette année, Cevital qui tire 60% de son chiffre d'affaires de l'industrie agroalimentaire et de l' agriculture sur une gamme de plus de douze métiers, exporte jusqu' ici sa production de sucre dans 28 pays étrangers, fait savoir son patron.
Question : Au moment où beaucoup d'entreprises africaines peinent à se consolider du fait d'un environnement institutionnel parfois difficile, qu'est-ce qui fait la force de votre groupe Cevital ?
Réponse : J'ai démarré en 1971 par une participation dans une toute petite entreprise de construction métallique avec quatre employés. En réinvestissant tous nos résultats, on est arrivé en 1999 à 780 collaborateurs, pour un chiffre d'affaires de 50 millions de dollars. L'année derrière, on a réalisé 3 milliards 500 millions de dollars de chiffre d'affaires, avec près de 13.000 collaborateurs. Cette année, on compte réaliser 4 milliards de dollars. Nous prévoyons pour 2015, 5 à 7 milliards et nous prévoyons pour 25 milliards de dollars en 2020.
Q : Vous dites que vous êtes dans douze métiers. Pourquoi une telle diversification ?
R : Nous sommes dans plus de dix métiers différents. Nous sommes dans l'industrie agroalimentaire d'abord, qui représente 60% de nos activités. Nous sommes dans l'électronique et l' électroménager, dans le verre plat, dans la distribution automobile et le montage des remorques, dans la production de l' électricité, dans l'industrie du batiment, dans la grande distribution, dans le shipping. Voilà un peu tours nos activités et aujourd'hui on est intéressé à investir en Afrique dans l' industrie agroalimentaire au départ, et puis aussi pourquoi dans toutes les activités économiques. Parce qu'aujourd'hui dans nos pays en Afrique, tout est à faire, que ce soit dans la production de l'électricité, dans les infrastructures, dans la logistique. Mais le plus urgent et le secteur porteur, c'est l'industrie agroalimentaire et l'agriculture.
D'abord, nous avons analysé les marchés les dix dernières années. Nous avons constaté que depuis 2005 les prix des produits agroalimentaires ne font qu'augmenter. Et ce n'est le fait non pas simplement de la croissance démographique au niveau mondial, mais surtout les cinq grands pays peuplés dans le monde tels que la chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie et le Mexique ont vu leur pouvoir d'achat augmenter ces dix dernières années, ce qui fait qu' ils consomment davantage. Il y a dix ans, les Chinois consommaient 5 kilos de sucre par an et par habitant, aujourd'hui ils en consomment 12. L'Algérie en consomme 33 à 34, l'Europe 44 à 45, les Etats-Unis 50.
Q : Vous pensez que la sécurité alimentaire en Afrique est hypothéquée ?
R : Nous sommes très inquiets au niveau de la sécurité alimentaire. Jamais les stocks des produits de première nécessité ne sont tombés aussi bas. Et nous avons assisté en 2007 à la situation où le Vietnam a arrêté ses exportations de riz. ?a a créé l'émeute de la faim au niveau du Sénégal et au niveau de la C?te d'Ivoire. Les Russes en 2008 avaient stoppé leurs exportations de blé. On a vu les prix du blé multipliés par deux et demi. Et aujourd'hui on n'est pas à l'abri d'un aléa climatique. Donc, notre souci majeur est la sécurité alimentaire au niveau de nos pays et puis qui peuvent créer aussi des emplois.
Q : Vous avez la plus grande raffinerie de sucre au monde. Quelles sont les perspectives ?
R : Aujourd'hui, notre raffinerie de sucre a une capacité de 2 millions de tonnes par an. On veut la faire passer en 2014 à 2 millions 700.000 tonnes. Nous couvrons la totalité des besoins du marché national et on dégage des exportations dans 28 pays différents. Nous, notre philosophie c'est de voir grand, commencer petit et aller vite. Alors, dans tous les secteurs dans lesquels nous investissons, c'est de faire passer le pays du stade importateur au stade exportateur. On l'a fait pour le sucre, les huiles raffinées, le verre plat et nous le faisons aussi maintenant pour l'électronique et l'électroménager. Nous avons aussi plusieurs projets dans différents domaines : pétrochimie, sidérurgie, cimenterie, etc.Fin (par Rapha?l MVOGO)