De graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire ont été commises en novembre 2012 au cours des combats dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué mercredi un rapport de l' ONU.
Selon ce rapport établi par le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme en RDC (BCNUDH), les violations des droits de l'homme ont eu lieu entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23) dans la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu en RDC, ainsi que lors de la retraite des FARDC vers la province du Sud-Kivu qui s'en est suivie.
Le rapport présente les récits de victimes et témoins de viols massifs, de meurtres et d'exécutions arbitraires, ainsi que de violations résultant de pillages à grande échelle.
Il indique également que des abus particulièrement systématiques et violents ont été commis par certains éléments des FARDC, alors qu'ils se retiraient des villes de Goma et Sake dans la province du Nord-Kivu et se regroupaient dans la ville de Minova et ses alentours au Sud-Kivu.
L'enquête de l'ONU a documenté 135 cas de violence sexuelle perpétrés par des éléments des FARDC dans la ville de Minova et ses alentours alors que des unités de l'armée battaient en retraite depuis les lignes de front. Parmi les victimes, figurent 33 jeunes filles agées de 6 à 17 ans.
Alors qu'ils occupaient Goma et Sake, les combattants du M23 ont aussi perpétré des graves violations du droit international humanitaire, ainsi que des violations flagrantes des droits de l' homme. Des combattants rebelles du M23 se sont rendus responsables d'au moins 59 cas de violence sexuelle. L'enquête de l'ONU a également documenté au moins 11 exécutions arbitraires, des cas de recrutement d'enfants et de travail forcé, des traitements cruels, inhumains et dégradants et des pillages commis par des combattants du M23. Le manque de discipline parmi des soldats et des officiers de l'armée peut être expliqué en partie par l'intégration récurrente d'anciens rebelles dans l'armée nationale sans formation adéquate et par l'inexistence de mécanisme de contr?le approprié.
? Les responsables de ces crimes doivent savoir qu'ils seront poursuivis ?, a indiqué la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay.
? La population de la RDC a enduré un niveau intolérable de violence ces dernières années. Les violences sexuelles décrites dans le présent rapport sont particulièrement effroyables, tant par leur ampleur que par leur caractère systématique. Les efforts déployés récemment par les autorités de la RDC pour enquêter sur ces violations dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu sont une étape importante vers l'obligation de rendre des comptes. Mais il reste encore beaucoup à faire pour rendre justice aux victimes et pour rétablir la confiance de la population civile dans le système judiciaire congolais ?, a-t-elle ajouté.
Une enquête judiciaire a été lancée en décembre 2012, avec le soutien de la MONUSCO, la mission de l'ONU en RDC, et d'autres partenaires. Fin mars 2013, 12 officiers supérieurs ont été suspendus de leurs fonctions dans le cadre des incidents de Minova. L'enquête menée par les autorités judiciaires congolaises se poursuit à ce jour.