Selon un rapport élaboré par le Haut Commissariat marocain aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification, le Maroc a franchi l'étape du manque pour passer à celle de la rareté en matière d'eau, ajoutant qu'à l'horizon 2020, la part d'eau pour chaque citoyen sera réduite de 49%, ce qui signifie que le citoyen marocain ne disposera que de moins de 400 m3 au cours des huit prochaines années.
En présentant lundi ce rapport, le Haut Commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Maroc, M. Abdeladhim El Hafi, tire la sonnette d'alarme à cause de la grave détérioration des réserves de la nappe phréatique, particulièrement dans la région du Souss (Sud du royaume). M. El Hafi a, lors de l'examen du budget du Haut Commissariat en commission à la Chambre des représentants (1ère chambre du parlement marocain), mis en garde contre la perte de dizaines de millions de m3 d'eau à cause du remplissage de plusieurs barrages par la boue et la mauvaise gestion des eaux.
En effet et en raison des conditions naturelles du Maroc, tant en ce qui concerne le relief que le climat, les pertes en eau sont importantes et graves. Il est vrai que la demande en eau potable mobilise actuellement plus de 700 millions de m3/an. Le taux de desserte est de 80 % en milieu urbain et 30 % en milieu rural où 70 % de la population consomme moins de 20 litres/jour/habitant, soit le 1/6 de la consommation journalière d'un citadin. Les précipitations apportent annuellement un volume évalué à 150 milliards de m3, dont 80 % s' évaporent et 20% ruissellent et s' infiltrent. Seuls 30 milliards de m3 peuvent être considérées comme ressources nationales en eau.
Sur la base des technologies ma?trisées et les conditions économiques actuelles, il semble que sur les 30 milliards de m3 de ressources potentielles, seulement 21 milliards de m3 peuvent être vraisemblablement mobilisées.
Le Maroc est aujourd'hui classé pays à stress hydrique. C'est pour cette raison que les autorités marocaines mènent des actions pour mobiliser de nouvelles ressources en eau, mais surtout rationaliser l'utilisation de l'eau disponible, afin d'éviter son exploitation abusive.
Des efforts importants ont été ainsi déployés pour la mobilisation des ressources en eau de surface et souterraine, permettant d'édifier plus d'une centaine de grands et moyens barrages, totalisant une capacité de retenue de 16 milliards de mètres cubes, et régularisant annuellement un volume de 12 milliards de mètres cubes environ, a poursuivi le ministre. De nombreux ouvrages de mobilisation des ressources en eau souterraines sont à l'origine de la mobilisation de ressources estimées à 2,8 milliards de mètres cubes par an.
Parallèlement, l'irrigation a connu un grand élan et un développement soutenu. Les superficies aménagées par les soins de l'Etat dans les périmètres d'irrigation, qui ne dépassaient guère les 150.000 hectares en 1960, sont passées à plus de 1.016.000 aujourd'hui.
Rappelons qu' en mars dernier et suite au déficit pluviométrique qui a négativement impacté l'état végétatif et, par conséquent, la qualité des parcours pastoraux, le gouvernement marocain a mis au point un programme de soutien au secteur agricole, afin de prévenir une dégradation de la situation sur le terrain. Pour la mise en ?uvre de ce programme, une enveloppe budgétaire de 1,53 milliard de dirhams a été allouée principalement à la sauvegarde du cheptel dans les zones touchées.