Le séjour en France depuis le 14 octobre dernier, pour des soins complémentaires et convalescence, du président Mohamed Ould Abdel Aziz, blessé "accidentellement" par balle, suscite aujourd'hui une vive polémique au sein de la classe politique mauritanienne, constate un correspondant de Xinhua.
Même si la blessure, le 13 octobre dernier, du chef de l'Etat, avait suscité la compassion de toute la classe politique, y compris l'opposition la plus radicale, son absence prolongée de près d'un mois, alimente cette polémique dans les rangs des p?les politiques du pays.
La Coordination de l'opposition (COD), qui avait suspendu ses activités de contestation au lendemain de l'incident au cours duquel le président était blessé, a repris ses manifestations depuis jeudi dernier avec un meeting réunissant des milliers de Mauritaniens.
Ce rassemblement a été l'occasion, pour les dirigeants de la COD, d'appeler les forces politiques en Mauritanie à observer "une transition consensuelle" et à organiser des élections pour combler "le vide institutionnel" né de l'absence du président de la république.
Puis, le ton de cette revendication est allé crescendo puisque la COD évoque "l'urgence d'organiser des élections afin de sortir le pays du vide constitutionnel qui paralyse les institutions depuis l'évacuation en France, le 14 octobre dernier, du président Mohamed Ould Abdel Aziz".
Les opposants ont en outre renouvelé l'exigence de faire la lumière sur la situation réelle du président Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi que sur les contours de l'incident au cours duquel il a été blessé, le 13 octobre dernier prés de Tweila , au nord de Nouakchott.
Ces revendications de l'opposition relatives sont jugées " anticonstitutionnelles" et "opportunistes", par la majorité au pouvoir.
Cette majorité adopte un ton plut?t rassurant et l'on se déclare convaincu du rétablissement du chef de l'Etat et de son retour au pays "pour continuer l'exercice de ses fonctions", écartant toute idée de "vide juridique" invoquée par l'opposition.
Depuis son départ en France, le président Ould Abdel Aziz, auquel les médecins ont recommandé une convalescence prolongée sur place, n'a plus parlé de vive voix au peuple mauritanien. Il s'est contenté de messages écrits, notamment à l'occasion de l'A?d El Kébir (fête musulmane du sacrifice), et relayés par les médias publics.
Mercredi dernier, le président de l'assemblée nationale de Mauritanie, Messaoud Ould Boulkheir, a eu un entretien avec le président Ould Abdel Aziz, à l'issue duquel il déclaré qu'il n'est "pas question, aujourd'hui de parler de vacance de l'institution de la présidence".
Il a en même temps rassuré l'opinion en soulignant que "le président mauritanien demeure en contact permanent avec son Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghjdhaf".
Aujourd'hui, après presque un mois de silence du président, l'opinion mauritanienne reste partagée. Le camp des opposants croit en "l'inéluctable départ du président", alors que ceux qui soutiennent la majorité restent fermement attachés au retour du président.
Les contacts téléphoniques de certains leaders, dont le président de l'assemblée nationale nourrissent les espoirs et relèvent le doute.