Pendant que des étudiants ivoiriens ont lancé depuis plusieurs jours une grève pour réclamer des arriérés de bourse, d'autres grèves s'annoncent à l'horizon dans divers secteurs.
Pour protester contre le racket orchestré par les nombreux syndicats qui pullulent dans le secteur du transport, les chauffeurs des véhicules de transport en commun ont annoncé un arrêt de travail à compter de lundi.
Pour plusieurs observateurs, cette grève risque d'entra?ner de sérieuses perturbations au niveau des déplacements des populations désireuses de se rendre au travail ou de vaquer à d'autres occupations.
DES CRAINTES DE PERTURBATIONS
"Le transport est un domaine sensible. Beaucoup de personnes utilisent les véhicules de transport en commun. Un compromis doit être trouvé pour éviter le débrayage car ce seront des moments de souffrance pour les usagers", a estimé Philippe Doua, chef du personnel d'une entreprise de la zone industrielle de Yopougon ( ouest d'Abidjan).
Le secteur de l'éducation laisse également planer des menaces de perturbations, avec une grève des enseignants prévue pour le 19 novembre.
Lors d'une rencontre, le président du collectif des syndicats du secteur éducation-formation Jean Yves Abonga a annoncé un arrêt des cours pour réclamer des reliquats de salaire, des accessoires de salaires et diverses indemnités.
A sa suite, le secrétaire général du Syndicat national de l' enseignement primaire public de C?te d'Ivoire (Sneppci) Paul Gnelou et le responsable du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD) Mesmin Comoé ont également averti du déclenchement d'une grève le 19 novembre.
Les cycles secondaire et supérieur ne demeurent pas en reste, des leaders syndicaux ayant aussi brandi la menace d'une grève à cette même date.
"Le front social est en ébullition, quelques semaines seulement après le forum social qui était un cadre de concertation et d' échanges entre le gouvernement et les travailleurs", a fait remarquer le président d'une association de jeunes entrepreneurs, Félix Toti.
Pour celui-ci, les acteurs de l'éducation veulent contraindre le gouvernement à honorer les engagements pris vis-à-vis d'eux.
Au cours de leur intervention devant le Parlement vendredi, la ministre de l'Education nationale Camara Kandia et le ministre de l'Enseignement supérieur Cissé Bacongo se sont dits informés des menacés de grève, mais ont demandé aux enseignants un peu de patience.
LA TRêVE SOCIALE COMPROMISE ?
Pour plusieurs observateurs, la trêve sociale demandée par les autorités ivoiriennes semble être compromise avec ces annonces de grève.
A l'occasion du lancement du forum social à la mi-ao?t à Grand- Bassam (sud), le Premier ministre ivoirien Jeannot Kouadio Ahoussou avait invité les travailleurs et responsables syndicaux à observer une trêve sociale afin de donner un souffle nécessaire à la reconstruction de la cohésion sociale.
"Pour relever nos importants défis, il nous faut rechercher un consensus national devant se traduire par un nouveau pacte social dynamique s'inscrivant dans la durée et reposant sur des fondements," avait noté le chef du gouvernement.
Selon Faustin Kacou, enseignant des sciences économiques, l'espoir d'un dénouement heureux est tout de même permis.
"Les autorités ne restent pas les bras croisés. Au niveau du transport comme au niveau de l'éducation, un travail de fond se fait dans l'ombre afin que les différentes parties puissent trouver un terrain d'entente", a noté M. Kacou.
Les populations attendent ainsi les prochains jours pour observer la réalité sociale.