Au moins 185 sur les 225 cadres nigériens d'Imouraren, succursale nigérienne du groupe nucléaire fran?ais Areva qui exploite depuis plus de 50 ans, à travers ses filiales la SOMA?R, la COMINAK, les gisements d'uranium d'Arlit (extrême nord), viennent d'être licenciés par ladite société, apprend-on samedi à Niamey (média).
Selon le journal Jeune Afrique qui donne cette information dans sa dernière parution, c'est par une simple lettre que le Directeur Général d'Imouraren SA, Didier Rocrelle, a notifié leur licenciement aux malheureux salariés "pour motif économique", avec prise d'effet au 31 janvier 2015.
Ainsi, sur un total de 225 agents nigériens que compte la société, seuls une quarantaine gardent leur poste : "des hommes affectés au gardiennage et à la maintenance du site, qui n'est pour l'heure qu'un vaste chantier".
Auparavant, environ 1180 employés d'une vingtaine d'entreprises de sous-traitance auprès des filiales du groupe nucléaire fran?ais Areva à savoir la SOMA?R, la COMINAK et Imouraren, ont été licenciés "pour des raisons économiques" et 70 autres agents, déclarés "inaptes par le médecin du travail de l'entreprise", sont menacés par ce plan de licenciement, selon le syndicat des miniers.
Au siège d'Areva, à Paris, on explique la mesure par le contexte mondial. "Le cours de l'uranium est au plus bas (autour de 40 dollars la livre, contre 135 il y a quelques années) : ouvrir le gisement d'Imouraren, l'un des plus importants du monde, ne ferait que le plomber encore un peu plus ", précise le journal.
à Niamey, les autorités trouvent ces "licenciements logiques, au vu de la situation".
Cette vague de licenciements intervient après la signature le 26 mai dernier à Niamey, d'un nouveau contrat d'exploitation de l' uranium nigérien entre les autorités de Niamey et la Direction générale d'Areva.
Aux termes de cet accord de partenariat stratégique, avec notamment la mise en vigueur des dispositions fiscales du code minier de 2006, le Niger et Areva devraient proposer aux Conseils d'administration des deux sociétés (Soma?r et Cominak) des directeurs généraux de nationalité nigérienne en 2014 et 2016, respectivement.
Pour le coordonnateur du Réseau des organisations pour la Transparence et l'Analyse budgétaire (ROTAB) du Niger, M. Ali Idrissa, dans une conférence animée vendredi après-midi à Niamey, "l'arnaque dans cette affaire reste et demeure l'arrêt des travaux de la mine d'Imouraren où le Niger a déjà perdu plus de 1500 emplois direct et indirect ; plusieurs investisseurs sont ruinés et le manque de recette budgétaire depuis 2012 conformément à la convention". "Une telle trahison ne saurait rester impunie", a-t- il fait savoir.
En effet, il est à rappeler qu'avec l'exploitation de la nouvelle mine d'Imouraren (toujours dans le département d'Arlit), initialement prévue à partir de 2014, le Niger se hisserait au premier rang en Afrique, et second au niveau mondial, de producteur d'uranium, après le Canada, avec une production annuelle qui passerait de 3.000 à 8.000 tonnes, d'après les études techniques d'Areva.
Le Niger, 4ème producteur mondial d'uranium, 2ème fournisseur du groupe nucléaire fran?ais Areva, est, paradoxalement, de nos jours, l'Etat le plus pauvre du monde. Les bénéfices tirés de l' exploitation de l'uranium ne contribuent jusque-là qu'à hauteur de 5% au budget général du pays, selon les statistiques officielles.