Au Niger, la volonté des autorités en charge de l'Education d'introduire prochainement un module de formation sur "la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes pour un comportement responsable" dans le système scolaire, a suscité une vive colère, notamment, au sein des associations islamiques.
Pour ces associations, en enseignant, à travers ce module, à l'attention des enfants adolescents et jeunes que "chaque personne peut décider si, quand et avec qui elle aura une relation amoureuse et contractera une relation à long terme ou un mariage; elle peut aussi choisir d'avoir une relation intime avec une personne du même sexe", ces documents ne prennent pas en compte les réalités socioculturelles de la communauté musulmane du Niger dans laquelle la pudeur et les bonnes moeurs sont des valeurs cardinales".
Le même Guide, selon ces associations, obligent les enfants de 11 à 18 ans d'apprendre et d'assimiler, entre autres, "embrasser, se masturber ensemble, toucher les seins et/ou les organes génitaux à travers les habits, se déshabiller mutuellement, caresser le corps sans habits".
Aussi, ces associations islamiques, de l'avis de leurs responsables, "ne sauraient en aucun cas accepter la circulation de ces documents à fortiori leur enseignement dans les écoles nigériennes pour, entre autres raisons, le "manque total de moralité en bafouant toutes nos valeurs sans exception aucune, l'amalgame entre liberté et libertinage, légalisation de la fornication et de l'homosexualité, risque d'exposition de la jeunesse à la prostitution".
Par ailleurs, l'interpellation le week-end à Niamey, suivie de garde à vue à la police judiciaire, d'un prédicateur pour avoir appelé, au cours d'un prêche à l'occasion de la prière de vendredi, les fidèles à rejeter l'introduction desdits enseignements dans le système scolaire nigérien, a fait monter d'un cran la tension qui couvait depuis quelques jours.
Elles disent ne pas "comprendre qu'un prédicateur musulman, Imam de mosquée de vendredi, citoyen jouissant de ses droits, dans sa mission d'appeler à ordonner le bien et interdire le blamable, fasse l'objet de harcèlement, d'intimidation, de garde à vue à la police judiciaire, de transfert à la police anti-terroriste et enfin d'accusation sans preuve aucune d'appartenir à une organisation de terroriste".
Elles en attirent l'attention des autorités compétentes nationales, régionales et communales sur les troubles que pourront engendrer ces pratiques injustes.
En tout état de cause, elles menacent d'appeler leurs membres et les fidèles "à retirer leur confiance lors des prochaines échéances électorales à tout citoyen et à toute organisation non épris de paix, de leur religion, du respect des principes d'un Etat de droit et des libertés fondamentales individuelles".
Cette attitude des associations islamiques est diversement appréciée par les autres citoyens nigériens.
Pour les uns, "les oulémas, en tant que moralisateurs, ne devraient pas s'exprimer comme les syndicalistes et autres politiciens ; ils devraient faire preuve de sagesse et réconciliation à travers leurs prêches pour obtenir le résultat qu'ils souhaitent ; mais si un imam prêche la haine ou le terrorisme, l'Etat doit prendre toutes les mesures pour protéger le Niger".
Selon eux, "il n'y a aucune association islamique qui peut empêcher les citoyens d'aller voter qui ils veulent ; personne ne peut se cacher derrière Dieu pour assouvir des desseins politiciens".
"Si vous êtes au service de Dieu, nous vous soutenons ; mais quand vous tenez des discours politiques, on ne va jamais vous soutenir", disait un internaute.
Par contre, pour les autres, c'est le code de la famille, qui avait été rejeté en bloc il y'a des années par la population, que les initiateurs ont morcelé pour l'introduire petit à petit dans les lois du pays. Pour illustrer leurs propos, ils ont pris pour preuve l'introduction désormais au Niger du quota obligatoire reconnu aux femmes dans les nominations aux fonctions supérieures de l'Etat.
Avec une population composée à plus de 90% de musulmans, le Niger est un pays la?c, garantissant la liberté de culte à tous. " Aucune religion, aucune croyance ne peut s'arroger le pouvoir politique ni s'immiscer dans les affaires de l'Etat", selon la constitution.