Un air de famille avec "Copenhague" de Michael Frayn
On compare déjà cette pièce de théatre à "Copenhague", le chef d'oeuvre de Michael Frayn inspiré de la rencontre de 1941 au Danemark entre les scientifiques Niels Bohr et Werner Heisenberg, qui ont grandement contribué aux fondements de la physique quantique et à la fabrication de la bombe nucléaire.
Dans la pièce de Frayn, les fant?mes des trois personnages discutent des raisons pour lesquelles Heisenberg s'est rendu à Copenhague, et leurs témoignages divergent. La première de la pièce avait été donnée à Londres en 1998, et elle a remporté le Tony Award de la Meilleure pièce en 2000.
Dans la pièce des étudiants chinois, l'incertitude plane également sur les motivations et les actions des trois protagonistes. La pièce soulève des questions pertinentes pour les intellectuels chinois de toutes les époques relatives à l'honneur d'un intellectuel, à un simple désir d'individualité et à l'attitude des lettrés envers le pouvoir.
? Ce qui s'est passé dans les années 1940 peut se reproduire aujourd'hui, n'importe où, et ce que je voudrais révéler, c'est l'éternel dilemme moral", laisse entendre la jeune Wen qui para?t beaucoup plus mure que son age.
Même si les temps changent, on trouve facilement dans la Chine contemporaine des individus dotés des mêmes personnalités que les trois professeurs d'avant 1949 : Shi évoque l'un de ces intellectuels citoyens qui sont très actifs sur Weibo (l'équivalent chinois de Twitter) et sont prompts à faire la morale aux autres, Bian représente les intellectuels partisans du régime que l'on appelle avec dédain "Wumao" (littéralement "Cinquante centimes"), tandis que Xia est un chercheur indépendant qui ne s'intéresse pas à la politique et préfère se consacrer à satisfaire ses plaisirs hédonistes.
Après sa tournée en Chine, le professeur Lu compte emmener sa troupe à l'étranger pour des représentations en Asie du Sud-Est, au Canada et aux Etats-Unis.