Dernière mise à jour à 13h44 le 02/07
C'est dans la ville de Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande et siège du Parlement européen qu'a été rendu, samedi, un dernier hommage solennel à l'ancien chancelier allemand, Helmut Kohl, décédé le 16 juin dernier, à l'age de 87 ans. Une cérémonie sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne, présidée par les dirigeants des trois institutions européennes, à laquelle ont participé une quarantaine de délégations et de très nombreuses personnalités politiques du monde entier.
Samedi peu après 11 heures, le cercueil de l'ancien chancelier allemand, drapé de la bannière bleu étoilé de l'Union européenne, est arrivé dans l'hémicycle strasbourgeois, escorté par huit militaires allemands qui l'ont solennellement déposé près d'un grand portrait de Helmut Kohl au regard souriant.
Pendant les deux heures de cette cérémonie de deuil sans précédent organisée au Parlement européen, huit personnalités de premier plan se sont succédées au pupitre pour rendre un hommage appuyé à l'homme souvent considéré comme le "père de la réunification allemande" devant une quarantaine de délégations, dont une conduite par M. Wan Gang, envoyé spécial du président chinois Xi Jinping, vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), et ministre chinois des Sciences et des Technologies.
Le président du Parlement Antonio Tajani, le président de la Commission Jean-Claude Juncker, le président du Conseil Donald Tusk, l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, l'ancien président américain Bill Clinton, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, le président fran?ais Emmanuel Macron et l'actuelle Chancelière allemande Angela Merkel ont tour à tour pris la parole pour rappeler le souvenir de l'ancien Chancelier allemand.
S'étaient également déplacés à Strasbourg le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos, la Première ministre britannique Theresa May notamment, ainsi qu'un grand nombre d'autres personnalités. Des représentants de la Corée du Sud et du Qatar se trouvaient aussi dans l'hémicycle.
Dans son discours d'hommage, le président du Parlement européen Antonio Tajani a salué en Helmut Kohl un "grand Européen, homme de courage, et acteur de la réunification de notre continent". "Il n'est pas une étape de l'histoire de l'unification européenne moderne qui ne porte la marque d'Helmut Kohl. Il nous a légué un immense héritage, ainsi que l'énorme responsabilité qui l'accompagne", a-t-il déclaré.
"Helmut Kohl était un patriote allemand et européen car pour lui, il n'existait aucune contradiction entre les deux. Selon lui, l'unité allemande et européenne allaient de pair", a de son c?té insisté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, l'un des seuls dirigeants européens encore en fonction à avoir c?toyé l'ancien Chancelier allemand.
"Les successeurs de ce grand héros de l'histoire positive de l'Europe doivent, en se rassemblant autour de son cercueil, sonder leurs consciences", a quant à lui prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk alors que l'Union européenne est en proie à de multiples crises.
Après la projection d'un film intitulé "Helmut Kohl, un grand Européen", trois hommages ont été rendus par l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzales, l'ex président américain Bill Clinton et le Premier ministre russe Dmitri Medvedev.
"Ce qui caractérisait Helmut Kohl, c'était sa volonté, non pas pour une Europe allemande mais pour une Allemagne européenne", a relevé Felipe Gonzalez tandis que Bill Clinton a remercié l'ancien chancelier allemand "pour nous avoir enseigné que la chose la plus importante dans la vie est l'héritage que nous laissons à nos enfants: la liberté, la paix, la sécurité de poursuivre chacun de nos rêves". Helmut Kohl a "assumé l'immense poids de l'Allemagne, et l'a sublimé par son action européenne", a-t-il dit.
Le Premier ministre russe Dimitri Medvedev a de son c?té salué une "personne visionnaire" avant d'ajouter: "Le mur de Berlin s'est effondré, mais nous sommes encore loin d'avoir réalisé le rêve d'une maison commune".
Le président fran?ais Emmanuel Macron, qui affiche sa volonté de relancer la construction européenne, est quant à lui monté au créneau en lan?ant à l'hémicycle: "Pour ceux qui disent que la construction de l'UE est technocratique: c'est parce qu'ils ont supprimé les dimensions d'amitié et de passion qui caractérisaient si bien Helmut Kohl". "Nous n'avons aucune raison de nous résigner, mais toutes les raisons d'être des optimistes réalistes", a déclaré, en allemand, le chef de l'Etat fran?ais, promettant de redonner du sens, "avec Angela Merkel", à l'idéal européen.
Helmut Kohl "voulait l'unification de l'Allemagne en l'intégrant dans l'Europe", a ensuite souligné la chancelière allemande, qui a rappelé qu'elle-même vivait en République Démocratique Allemande au début du premier mandat de l'ancien dirigeant, en 1982. Quand il a quitté le pouvoir, en 1998, l'Allemagne "était en paix avec tous ses voisins pour la première fois de son histoire", a-t-elle dit, avant de saluer son ancien mentor qui avait un "sens de ce qui pouvait être réalisé politiquement sans jamais abandonner ses convictions politiques inébranlables".
Après l'hommage, la dépouille de Helmut Kohl est repartie pour l'Allemagne et la cathédrale romane de Spire, d'abord en hélicoptère, puis à bord d'un navire militaire sur le Rhin. C'est dans cette ancienne ville impériale, située au c?ur d'une région qu'il a longtemps dirigée, que l'ancien chancelier devait être inhumé en début de soirée, dans la plus stricte intimité familiale, après un requiem à la cathédrale de Spire.
Helmut Kohl a été nommé "citoyen d'honneur de l'Europe" en décembre 1998 par le Conseil européen. à ce jour, seuls Jean Monnet en 1976 et Jacques Delors en 2015 ont été distingués par ce titre.