Plusieurs milliers de membres de la communauté chinoise sont descendus dimanche dans la rue à Paris pour réclamer "la sécurité pour tous", après que Zhang Chaolin, un couturier chinois de 49 ans, a perdu la vie le 7 ao?t suite d'une agression violente à Aubervilliers dans la banlieue nord de la capitale fran?aise.

Selon la police, environ 15.000 manifestants étaient présents. Il s'agit de la plus grande manifestation organisée par la communauté chinoise en France depuis l'arrivée au pouvoir du président Fran?ois Hollande en 2012.

Vêtus de T-shirts blancs, brandissant des drapeaux bleu-blanc-rouge, les manifestants ont scandé des slogans tels que "La sécurité pour tous", "Liberté, égalité, fraternité et sécurité", tandis que des haut-parleurs sur des camions lan?aient "Fraternité oui, agressions non !", a constaté Xinhua sur place.

Encadré par leur service d'ordre, les manifestants ont défilé en bon ordre pendant environ trois heures entre République et Bastille, sans quasiment laisser de déchet sur le boulevard Beaumarchais qu'ils ont parcouru, a-t-on constaté sur place.

Cette manifestation massive a réuni des résidents d'origine chinoise travaillant à Paris dans des secteurs très divers tels que commer?ant, cuisinier, étudiant, employé de banque ou cadre d'entreprise transfrontalière.

"La communauté chinoise ne parle pas beaucoup. Elle est très discrète et là, les gens ont enfin décidé de dire quelque chose (...) Le message porté lors de ces manifestations est que toutes les communautés se sentent concernées", a déclaré à Xinhua Véronique Yang, journaliste née de père chinois et de mère fran?aise. "On est des Fran?ais à part entière", a-t-elle ajouté.

"Je suis venu ici pour dénoncer une insécurité qui est perceptible depuis des années et pour faire pression sur les pouvoirs publics pour que nos demandes soient mieux prises en compte", a pour sa part confié à Xinhua Stéphane Cheng, un Fran?ais d'origine chinoise de 31 ans qui a lui-même été agressé un matin en sortant de sa voiture à Aubervilliers.

Interrogé sur les craintes suscitées en Chine par ces agressions, il a dit les comprendre : "Les gens ont besoin de se sentir protégés par le gouvernement fran?ais lorsqu'ils viennent en France. Or, pour nous, ce n'est pas encore suffisant".

Caroline Zhang, étudiante d'origine chinoise vivant depuis trois ans à Paris, n'ose pas sortir le soir : "Je ne suis pas rassurée pour sortir le soir car j'ai des amis qui se sont fait voler leur sac, à l'arrachée, sans pouvoir rien faire. Je sais que les Chinois ont la réputation de porter beaucoup d'argent liquide sur eux, notamment la recette de la journée pour les commer?ants qui sont nombreux à Paris, mais c'est faux et du coup, on est visé pour rien".

Parmi les manifestants, il n'y avait pas que des ressortissants asiatiques. Des Fran?ais sensibilisés au problème de sécurité dont souffre cette communauté faisaient partie du cortège, dont Jean Pergouret, directeur de Saphir Eurasia Promotion.

"Je suis venu par solidarité. J'étais sensible à la question de la sécurité concernant la communauté chinoise car j'ai été secrétaire général de l'Association des entreprises du quartier asiatique du XIIIe arrondissement de Paris, entre 2012 et 2014, et déjà, nous recevions de nombreuses plaintes de commer?ants qui se faisaient notamment racketter", a-t-il dit à Xinhua.

"Ma femme est d'origine chinoise et je connais des proches qui se sont fait voler portable et sacs de marque en se promenant dans la rue", a-t-il précisé.

"J'ai un réseau sur WeChat sur lequel les touristes chinois avec qui je travaille sont nombreux à faire part d'agressions. Ils se sentent en insécurité et je viens aujourd'hui manifester avec la communauté chinoise car nous sommes tous concernés", a ajouté M. Pergouret.

Selon lui, la communauté chinoise n'est pas "habituée" à faire attention à ses objets car lors de ses nombreux voyages en Chine, il a constaté qu'il était rare de voir un policier. "En France, les Chinois sont surpris de voir autant de forces de l'ordre".