Le secrétaire philippin aux Affaires étrangères Perfecto Yasay a déclaré lundi que les Philippines ne quitteraient pas l'ONU et que le pays restait engagé dans cette organisation malgré quelques "frustrations".

M. Yasay a organisé un point de presse pour clarifier les déclarations du président philippin Rodrigo Duterte, qui avait déclaré dimanche que les Philippines "se séparera" de l'ONU, dont un responsable a condamné l'augmentation du nombre de meurtres commis par les milices engagées dans la campagne de lutte contre la drogue lancée par M. Duterte. Selon certains médias, plus de 1.000 personnes auraient été tuées jusqu'à présent.

"Peut-être que nous devons juste nous séparer de l'ONU. Si vous êtes aussi grossiers, nous pouvons quitter l'organisation", a déclaré M. Duterte dimanche lors d'une conférence de presse à Davao en réponse aux critiques.

Le président philippin a même suggéré de créer une organisation parallèle avec la Chine et des nations africaines en critiquant l'ONU pour son incapacité à lutter contre le terrorisme, la faim dans le monde et les conflits.

Le porte-parole de M. Duterte, Ernesto Abella, a également indiqué lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de Malacanang que les Philippines ne quitteraient pas l'ONU.

"[M. Duterte] réaffirme simplement notre souveraineté nationale et rappelle que nous n'apprécions pas les interventions ou les actes d'ingérence", a expliqué M. Abella.

La lutte contre la drogue "relève de notre souveraineté nationale et de nos préoccupations, et rien ne justifie que l'ONU enquête là-dessus jusqu'à présent", a-t-il ajouté.

"Si l'ONU souhaite sérieusement enquêter sur ces questions, elle doit soumettre une communication officielle, et non se contenter de publier des déclarations générales. En tant qu'institution publique, l'ONU devrait publier des communications officielles, car nous sommes nous aussi une institution officielle", a souligné M. Abella.

Un membre de la Chambre des représentants, Harry Roque, a quant à lui critiqué les menaces de retirer les Philippines de l'ONU de M. Duterte, qualifiant son comportement "d'impulsif, d'imprudent et de contraire aux intérêts de la nation".

"Tourner le dos à cette communauté pour des questions de politique intérieure serait tout à fait regrettable. Se retirer de l'ONU n'est pas quelque chose que nous devons prendre à la légère, car cela aurait des conséquences catastrophiques pour notre pays", a déclaré M. Roque.