Le sommet spécial de la zone euro est parvenu lundi matin à "un accord à l'européenne" sur la crise grecque après une nuit blanche, a affirmé le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil européen Donald Tusk et du président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem à l'issue d'une réunion-marathon de 17 heures.
Cet accord est marqué par un plan d'aide à hauteur de 82 à 86 milliards d'euros en faveur de la Grèce, actuellement frappée par la fermeture des banques à cause de la pénurie de liquidités, mais à condition d'une série d'importantes réformes économiques et sociales dans ce pays à l'agonie. Le compromis entre les dirigeants de la zone euro permet le démarrage des négociations sur un programme du MES (Mécanisme européen de stabilité), qui signifie un soutien continu pour la Grèce.
"Il faut satisfaire aux conditions strictes. L'adoption (de l'accord) par plusieurs Parlements nationaux, y compris le Parlement grec, est indispensable pour les négociations sur un programme du MES à commencer", a martelé M. Tusk. Il a souligné que le sommet spécial "donne une chance à la Grèce de se remettre en route avec le soutien des partenaires européens" et "évite aussi des conséquences sociale, économique et politique qu'un résultat négatif pourrait provoquer".
Le sommet spécial a catégoriquement brisé le rêve des autorités d'Athènes, qui ont exprimé la volonté de ne demander que l'aide du MES et de ne plus recourir au Fonds monétaire international (FMI), sans avoir remboursé 1,5 milliard d'euros à ce dernier le 30 juin dernier, ce qui constitue le premier défaut de paiement d'une économie développée depuis la mise en place du système de Bretton Woods.
Les conditions de l'aide de la zone euro sont similaires à celles de l'aide du FMI, et "un Etat membre de la zone euro qui demande l'aide financière au MES doit déposer, si possible, une demande similiaire au FMI, c'est une précondition pour l'Eurogroupe d'approuver un nouveau programme du MES", ont indiqué les dirigeants de la zone euro dans une déclaration.
Remèdes forts
Le sommet spécial a prescrit, entre autres, un plan de privatisation ambitieux en Grèce et l'établissement d'un fonds spécial de l'ordre de 50 milliards d'euros à gérer par Athènes mais sous la supervision de la Trio (Commission européenne, Banque centrale européenne et Eurogroupe), afin d'assurer le paiement de la dette et l'investissement. Les banques grecques sont aussi à recapitaliser.
Face à la dureté de certains Etats membres de la zone euro, dont l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas, la Grèce s'est engagée bon gré mal gré à lancer des réformes globales dans les domaines fiscal, des marchés de produits et des pensions. Elle doit céder d'une certaine manière une partie de sa souveraineté, en acceptant de soumettre sa législation en matière de réforme aux institutions européennes afin de "rétablir la confiance" des nouveaux créanciers européens.
Lors d'une conférence de presse, le président fran?ais Fran?ois Hollande s'est félicité de voir la Grèce rester dans la zone euro et la zone euro "préservée dans son intégrité, dans sa solidarité et dans sa dignité". Il a reconnu l'existence de fractures entre la Grèce et l'Allemagne qui "voulait des garanties". Selon M. Hollande, le plan de renflouement de la Grèce serait dans le cadre du Plan d'investissement Junker à hauteur de 315 milliards d'euros.
Après la conclusion du compromis, a estimé M. Hollande, il y a encore beaucoup d'efforts à faire pour que la Grèce sorte de la crise de la dette. Les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir lundi et mardi pour discuter du calendrier des réformes en Grèce et des moyens d'urgence de réapprovisionner les banques grecques, pour que la Banque centrale européenne poursuive son activité de fourniture de liquidités à l'égard de la Grèce. M. Hollande a réitéré la soutenabilité de la dette, qui occupe maintenant plus de 180% du produit intérieur brut (PIB) de la Grèce.