Suite à la défaite dimanche du candidat de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, droite), Charles Demouge, à l'élection législative partielle dans le Doubs (est), le parti appara?t divisé sur la consigne de vote à donner à ses électeurs pour le second tour qui opposera le candidat du Parti socialiste (PS), Frédéric Barbier, à la candidate du Front national (FN), Sophie Montel, rapporte lundi la presse fran?aise.
"Soutien du bout des lèvres au PS ou politique de l'autruche ? La nécessité ou non d'un front républicain face au FN révèle une des lignes de fracture" de l'UMP, écrit lundi matin l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur.
Dimanche, une élection législative partielle a eu lieu dans la quatrième circonscription du Doubs pour remplacer l'ancien député socialiste Pierre Moscovici, qui occupe depuis le 1er novembre le poste de Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires à Bruxelles où siège la Commission européenne.
La candidate FN, Sophie Montel, est arrivée en tête de ce scrutin avec 32,6% des suffrages exprimés, suivie du candidat PS, Frédéric Barbier, qui totalise 28,85% des voix. Seuls ces deux candidats pourront se présenter au second tour qui aura lieu dimanche prochain, le candidat UMP, Charles Demouge, qui a remporté 26,54% des votes, étant exclu de la course.
Si l'UMP a indiqué dimanche dans un communiqué que son président, Nicolas Sarkozy, "consultera le Bureau Politique réuni ce mardi, pour définir la position" du parti "pour le second tour de cette législative partielle", plusieurs responsables de cette formation politique ont émis dès dimanche des avis divergents sur la question.
"Le FN défend les idées d'extrême gauche anti-libérales et anti-européennes. Nous devons le combattre. En cas de duel PS-FN je vote PS pour battre le FN", écrivait par exemple dimanche après-midi le député UMP Dominique Bussereau sur son compte Facebook.
Même son de cloche du c?té du sénateur UMP Jean-Pierre Grand, qui écrivait dimanche sur son compte Twitter que "l'UMP ne peut qu'appeler au rejet du vote FN" et que "tout autre choix serait un message mortel de soutien aux candidats d'extrême droite".
La vice-présidente déléguée de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'est dite lundi matin sur BFM TV elle aussi favorable à un soutien au candidat PS.
"Si j'étais confrontée à cette alternative, et avec regret, sans ga?té de c?ur, je voterais pour le candidat opposé au Front national. En l'espèce, le candidat socialiste. C'est une position personnelle et c'est celle que je défendrai au Bureau politique", a-t-elle expliqué.
"Le Parti socialiste, ce sont des adversaires politiques avec qui on débat. Le Front national, ils veulent notre mort. Participer à ?a, non, je ne le sens pas. Le ni-ni est une position qui n'est pas claire", a-t-elle ajouté.
Mais d'autres responsables du parti ont clairement affiché leur désaccord avec cette position, à l'instar du député Thierry Mariani qui écrivait dimanche sur son compte Twitter que "l'UMP doit être fidèle à sa ligne 'ni front républicain, ni front national' ou nous perdrons notre crédibilité".
Il est rejoint sur cette idée par le député Bruno Le Maire, qui a déclaré lundi matin sur France Info qu'il oppose un "non" au front républicain "parce que c'est un peu une solution de facilité, c'est une manière de se défausser, de ne pas chercher ses responsabilités".
C'est "une fa?on de dire à tous les électeurs qui ont voté pour le front national 'vous ne faites pas partie de la République'. Je ne crois pas qu'on puisse dire à quelque électeur que ce soit 'Vous ne faites pas partie de la République'", a-t-il ajouté.
Egalement interrogé lundi matin sur la question, le député Henri Guaino a estimé sur France Inter que le front républicain anti-FN était "une folie".
Selon lui, le front républicain droite-gauche contre l'extrême droite est "une folie parce qu'elle exprime un double mépris : celui des électeurs" UMP qui "n'appartiennent à personne" et vis-à-vis de ceux qui "ont voté FN, qui ont voulu exprimer quelque chose", a-t-il lancé.
Invité lundi matin sur LCI et Radio Classique, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé officiellement à l'UMP de soutenir son parti dimanche prochain, une position déjà assumée par le président de L'Union des démocrates et indépendants (UDI, centre), Jean-Christophe Lagarde, qui a appelé à voter pour le candidat PS, "le seul candidat républicain restant".