Alors que le Congrès des Etats-Unis est rentré de vacances dimanche pour peser le pour et le contre d'une intervention en Syrie réclamée par le président Barack Obama, il est grand temps que la raison l'emporte sur la force brute.
Le camp Obama a lancé une campagne de sensibilisation à couteaux tirés pour obtenir de nouveaux soutiens aux Etats-Unis et à l'étranger. Le président américain est allé jusqu'à évoquer le sujet au G20, déviant ainsi des véritables objectifs du sommet qui étaient de se concentrer sur les solutions pour redresser l'économie mondiale.
En regardant d'un peu plus près les arguments avancés par l'administration Obama, les failles deviennent apparentes, à commencer par le flou artistique autour des circonstances exactes de l'attaque présumée aux armes chimiques du 21 ao?t en banlieue de Damas, l'événement brandi par les faucons américains pour justifier des frappes "punitives".
Même la France, qui s'est initialement rangée du c?té de Washington en soutenant l'idée d'une intervention militaire, a fait marche arrière en indiquant qu'aucune action ne devait être entreprise avant la publication du rapport des experts de l'ONU sur l'usage présumé des armes chimiques dans le conflit syrien.
L'opinion publique américaine est encore loin d'être convaincue de la nécessité d'intervenir. Après une décennie de guerres plus ou moins justifiées, notamment en Irak, l'Américain moyen a pris du plomb dans l'aile et semble désormais autant conscient que soucieux des conséquences possibles d'une intervention militaire.
S'il est vrai que M. Obama a décrit l'action militaire prévue comme étant limitée à la fois dans le temps et dans son champ, ses conséquences sont loin d'être prévisibles, elles. La Syrie et le Moyen-Orient sont une immense poudrière et l'étincelle se rapproche.
Ce qui est plus inquiétant encore, c'est l'idée que le feu vert du Congrès des Etats-Unis suffirait à justifier une intervention, alors que seul le Conseil de sécurité de l'ONU est habilité à le faire.
Tout recours aux armes chimiques constitue une violation flagrante du droit international, mais le même argument s'applique à l'usage de la force en Syrie sans l'aval de l'ONU. La communauté internationale devrait s'opposer à tous les abus, peu importe leur auteur.
Il ne faut pas oublier qu'aucune solution viable à la crise syrienne n'est envisageable sans obtenir au préalable le soutien le plus large possible de la communauté internationale.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité avec une influence inégalée dans les affaires internationales, les Etats-Unis endossent la responsabilité d'honorer la Charte des Nations Unies et de respecter les normes internationales.
En adoptant une approche à la carte des règles de l'ONU, les Etats-Unis risquent d'éroder les fondations de l'édifice des relations internationales et de saper les futurs efforts de la communauté internationale pour surmonter des défis mondiaux.
Il serait donc avisé de la part des législateurs américains de garder la tête froide au lieu de se laisser séduire par la rhétorique belliqueuse du camp Obama. La moindre étincelle suffirait à faire sauter la poudrière.