L'intégration de l'initiative chinoise de la Ceinture économique de la Route de la soie et des aspirations de la Russie dans le cadre de l'Union économique eurasienne (UEE) pourrait conduire à la construction d'un "coeur eurasien", a indiqué un expert russe.
Dans une déclaration conjointe signée le mois dernier par le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, les deux parties se sont engagées à discuter de l'intégration de l'initiative de la Ceinture économique de la Route de la soie et de la construction de l'UEE en précisant qu'elles avaient convenu de mettre en place un mécanisme de dialogue pour favoriser l'intégration et stimuler la coopération dans des cadres tels que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Cette démarche contribuerait à la création d'un espace économique commun et intégré en Eurasie et conduirait à terme à la construction d'un "coeur eurasien", a indiqué le directeur adjoint de l'Institut de l'Extrême-Orient de l'Académie des sciences russe, Sergue? Louzianin, dans une interview accordée à Xinhua.
De la construction et l'amélioration des autoroutes à la modernisation des chemins de fer, les infrastructures seraient la tache principale du projet de mise en ?uvre, ce qui mettrait également l'accent sur la coopération dans la production de matières premières, la métallurgie, la prospection d'hydrocarbures ainsi que dans l'industrie du pétrole et du gaz, a indiqué M. Louzianin.
Il a ajouté que la Russie espère attirer davantage d'investissements et d'établissements bancaires venant de Chine.
"Le projet d'intégration pourrait aider à combiner les capitaux provenant de Chine, de Russie et d'autres pays, et soutenir la Banque eurasienne russo-kazakhe, favoriser la banque de développement de l'OCS et renforcer la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures", a déclaré M. Louzianin.
La coopération agricole pourrait aussi être élargie, la Russie mettant en oeuvre des plans de substitution à l'importation suite aux sanctions occidentales, a-t-il ajouté.
M. Louzianin estime que les efforts visant à lier les stratégies de développement des deux pays pourrait réussir, mais a souligné que le processus pour atteindre ce succès pourrait avoir ses hauts et ses bas.
"Il faut du temps pour mettre en place des mécanismes efficaces pour le fonctionnement de la Ceinture économique de la Route de la Soie, ainsi que pour régler des problèmes techniques tels que les différents écartements de voies dans les pays concernés", a déclaré M. Louzianin, ajoutant que de plus en plus d'investissements chinois apporteraient à la Russie des opportunités de développement et des avantages économiques.
Il a noté que relier l'UEE et la Ceinture économique de la Route de la soie serait un projet mutuellement bénéfique, car l'intégration de l'UEE rendrait possible une véritable libre circulation des biens, de la force de main d'oeuvre et des services, ce qui serait un avantage pour la Chine et apporterait des bénéfices à l'UEE en retour.
M. Louzianin a également souligné que le "coeur eurasien" est un plan de développement économique pacifique et ouvert et qui ne se concentrera pas sur la force militaire.
"La Russie et la Chine travaillent ensemble pour construire un nouveau coeur et un centre paisible pour l'Eurasie, qui pourrait devenir un centre économique mondial prometteur, tout comme la région Asie-Pacifique", a précisé M. Louzianin.
Il a souligné que la Russie et la Chine ne développeraient aucune sorte de relation de subordination ni ne formeraient aucune alliance militaire dans les efforts pour développer le projet d'intégration.