Dernière mise à jour à 10h38 le 29/05
La visite prochaine du Premier ministre chinois Li Keqiang en Europe, du 31 mai au 2 juin, devrait permettre d'approfondir et enrichir les relations entre la Chine et l'Union européenne (UE), dans un contexte mondial de montée des incertitudes.
Au cours de cette visite de trois jours, M. Li se rendra en Allemagne et en Belgique, où il rencontrera les dirigeants européens afin d'améliorer la confiance politique mutuelle et d'étendre la coopération pragmatique entre les deux parties, donnant un nouvel élan aux relations de la Chine avec ces deux pays.
POUR UN MONDE MULTIPOLAIRE
Il s'agit de la neuvième visite de M. Li en Europe et la troisième en Allemagne depuis qu'il est devenu Premier ministre en 2013. La chancelière allemande Angela Merkel se rend fréquemment en Chine. De leur c?té, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le Premier ministre belge, Charles Michel, étaient en Chine l'année dernière.
De si fréquentes visites de haut niveau entre la Chine et l'UE témoignent des terrains d'entente et intérêts partagés unissant les deux parties malgré un environnement international en constante mutation, prouvant leur envie commune de promouvoir la coopération et le développement.
L'une des principales caractéristiques des relations Chine-UE est leurs rencontres régulières, qui sont une importante plateforme pour les leaders chinois et européens, leur permettant de travailler ensemble et de promouvoir constamment les liens Chine-UE, note Mei Zhaorong, ancien ambassadeur de Chine en Allemagne.
A Berlin, M. Li devrait assister à une réunion annuelle réunissant le Premier ministre chinois et la chancelière allemande, une rencontre qui a lieu chaque année depuis 2004. A Bruxelles, le Premier ministre chinois participera à la 19e rencontre des leaders Chine-UE.
"Ces rencontres régulières ont joué un r?le très positif pour renforcer la confiance politique mutuelle et approfondir la coopération pratique entre les deux parties, faisant avancer les relations Chine-UE", affirme M. Mei.
Actuellement, l'Europe fait face à de nombreux défis, notamment la crise de la dette, la menace terroriste et l'arrivée massive de réfugiés. Malgré ces défis, la Chine a poursuivi une politique stable et positive vis-à-vis de l'UE, en gardant confiance dans sa coopération avec le bloc, explique Ruan Zongze, vice-président directeur de l'Institut chinois des relations internationales.
La Chine soutient l'intégration européenne - essentielle pour que le bloc soit uni, prospère et stable, et que l'euro soit fort - ce qui est favorable au développement d'un monde multipolaire promouvant la mondialisation économique et la diversification culturelle.
PROMOUVOIR LE LIBRE-ECHANGE
Face à un mouvement s'opposant à la mondialisation, il est nécessaire que la Chine et l'UE s'unissent pour s'opposer au protectionnisme économique et défendre une économie ouverte, affirment les experts.
La Chine et l'Europe ont de nombreux intérêts communs, et des positions similaires sur le libre-échange, les investissements et la gouvernance économique mondiale, indique le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Chao.
Avec la visite du Premier ministre Li, affirme M. Ruan, la Chine prouve son envie de travailler avec l'UE et envoie un signal positif au monde, indiquant que les deux grandes économies sont engagées en faveur du libre-échange et de la mondialisation économique. Grace à ces efforts, la Chine et l'UE pourraient devenir des acteurs de la stabilisation de l'économie mondiale.
Cependant, l'UE n'a pas encore respecté ses obligations en vertu de l'article 15 du protocole sur l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui est un "obstacle" à la coopération économique entre les deux parties.
L'article 15 stipule que l'"approche du pays de substitution", une mesure anti-dumping, doit cesser 15 ans après l'adhésion de la Chine à l'OMC, c'est-à-dire le 11 décembre 2016.
L'approche du pays de substitution permet à un pays membre de l'OMC de comparer les prix ou les co?ts de produits chinois avec des produits similaires dans un pays tiers, afin de calculer la valeur des produits chinois et déterminer s'ils constituent un acte de dumping.
"En tant que membre de l'OMC, l'UE s'abstient de s'acquitter de ses obligations internationales, ce qui est en fait une forme de protectionnisme et va à l'encontre de la notion de libre-échange préconisée par le bloc", affirme M. Mei.
"La coopération et la concurrence coexistent dans les relations sino-européennes, mais la coopération et le principe du gagnant-gagnant sont le thème (principal)", déclare M. Ruan, demandant à l'UE d'abandonner le protectionnisme commercial et de respecter ses obligations, afin de se joindre à la Chine pour faire progresser le libre-échange et la mondialisation.
LIBERER LE POTENTIEL DE COOPERATION
Les liens économiques et commerciaux entre la Chine et l'UE, considérés comme la pierre angulaire de leurs relations, devraient être au premier plan de la tournée européenne de M. Li.
A Bruxelles, le Premier ministre chinois participera à un sommet commercial Chine-UE et à une cérémonie de signature d'accords de coopération entre des PME des deux parties.
L'UE est le plus important partenaire commercial de la Chine et la Chine est le deuxième plus grand partenaire commercial de l'UE. En 2016, la Chine a dépassé les Etats-Unis pour devenir le plus important partenaire commercial de l'Allemagne, selon l'Office fédéral des statistiques allemand.
Avec la visite de M. Li, la Chine et l'UE cherchent à libérer leur potentiel de coopération, donnant la priorité à la coopération en matière d'innovation, selon M. Ruan.
En tant que puissance économique européenne, l'Allemagne est l'un des pays les plus innovants au monde. La Belgique, pour sa part, a des avantages uniques dans des domaines tels que l'industrie chimique, l'énergie nucléaire et la médecine biologique. En coopérant avec l'UE, la Chine est prête à renforcer sa capacité d'innovation.
"La Chine a besoin de la technologie avancée de l'Europe, tandis que l'Europe a besoin du vaste marché de la Chine", explique M. Ruan, ajoutant que la coopération en matière d'innovation permettra d'élargir les domaines de coopération et de renforcer le niveau de coopération entre la Chine et l'UE.
En Europe, le chef du gouvernement chinois participera à plusieurs activités axées sur l'innovation et assistera à la signature d'une série d'accords de coopération couvrant des domaines tels que les nouvelles énergies, l'interconnexion, la banque, le tourisme et l'éducation.