Le sinologue fran?ais Lionel Vairon a souligné dans une récente interview exclusive accordée à l'agence Xinhua (Chine nouvelle), que le pragmatisme politique de Beijing devrait permettre au pays de poursuivre ses réformes et servirait, par conséquent, l'intérêt des citoyens chinois.
"Si (le) pragmatisme (politique) reste le fil conducteur des dirigeants chinois, il est vraisemblable que les réformes pourront se poursuivre et s'approfondir dans l'intérêt des citoyens chinois", a constaté l'ancien diplomate fran?ais, président de CEC Consulting et actuellement conférencier à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) à Paris et à l'Académie de Pudong, en Chine.
"La centralisation des grandes décisions de politique générale a souvent permis à la Chine de s'adapter très rapidement aux évolutions politiques, économiques et sociales, de privilégier la pratique sur l'idéologie et de résoudre les nombreux problèmes inhérents à ces réformes au fur et à mesure de leur apparition", a souligné M. Vairon.
Selon le sinologue fran?ais, "le système politique chinois, celui d'un multipartisme officiel résumé en un parti dominant, le Parti Communiste, a permis (...) de remettre la Chine sur la voie du développement économique et social et sur le chemin d'un retour à sa place légitime dans l'ordre international", suite au train de réformes lancé à la fin des années 70.
"Dans une première phase de trois décennies, le développement économique a apporté une stabilité nouvelle car il a permis de répondre aux besoins immédiats de la population et d'améliorer de manière très significative le niveau de vie de l'immense majorité du peuple chinois", a-t-il encore constaté.
L' expert a, en outre, constaté que ce développement remarquable de la société chinoise a entra?né "des effets collatéraux importants en matière de différentiel de développement entre les différentes régions du pays, mais aussi de visibilité criante des différences de niveau de vie entre différentes catégories de la population".
Il en a résulté, dans une deuxième phase qui, d'après M. Vairon, vient de s'ouvrir en Chine, une évolution des attentes de la population devenues "plus grandes en matière de lutte contre la corruption et de droit d'expression".
"C'est cet aspect désormais du programme des réformes qui doit être pris en compte d'urgence, et pas seulement de manière "cosmétique". Cela nécessite une révision en profondeur du système et des décisions sans doute souvent douloureuses mais nécessaires et justes", a préconisé l'ex-diplomate fran?ais.
Au sujet de la libéralisation de l'économie chinoise, il a estimé que le concept de "marché" était "dangereux pour les pays en voie de développement et pour ceux, comme la Chine, qui se trouvent dans la phase d'émergence du sous-développement".
M. Vairon a appelé à instaurer une "économie à orientation de marché", et non une "économie de marché" à proprement parler, car cela laisserait au gouvernement chinois "une marge de man?uvre pour contr?ler les évolutions économiques et s'assurer à chaque nouvelle étape que les intérêts collectifs (...) ne sont pas sacrifiés au profit d'une minorité".
"Si l'ouverture de l' économie doit se poursuivre, cela doit se réaliser sous le contr?le étroit du gouvernement (de Beijing)", a-t-il souligné, tout en mettant en garde contre tout "interventionnisme excessif".