Dernière mise à jour à 09h00 le 22/12
L'année 2021 a été marquée au Bénin, sur le plan culturel, par le retour de 26 ?uvres des trésors royaux d'Abomey, emportés par l'armée fran?aise lors de la conquête de novembre 1892.
"Je suis dévasté par l'émotion", a confié Patrice Talon, à l'occasion de la cérémonie solennelle de réception de ces ?uvres, le 10 novembre dernier dans l'enceinte du Palais de la présidence de la République.
Tout comme leur président, les Béninois, unis dans un même esprit, ont célébré sur toute l'étendue du territoire national, le retour de ces trésors, dans une ferveur populaire marquée par des chants et danses traditionnelles, ponctués par des panégyriques des rois d'Abomey.
"Ces 26 ?uvres plongent l'ensemble du peuple béninois et surtout sa jeunesse dans un récit à diverses vocations ou fonctions, notamment éducative, scientifique et sociale", a souligné le ministre béninois de la Culture, du Tourisme et des Arts, Jean-Michel Abimbola.
En effet, le retour de ces ?uvres n'a été possible qu'après la signature de l'accord de transfert de la propriété des ?uvres au Bénin le 9 novembre dernier au Palais de l'Elysée, en présence des présidents béninois Patrice Talon et fran?ais Emmanuel Macron.
Pour déclencher le processus, le ministre béninois des Affaires étrangères et de la Coopération, Aurélien Agbénonci, avait adressé en ao?t 2016 une correspondance aux autorités fran?aises en vue d'obtenir le recensement préalable de tous les biens royaux précieux emportés en 1892 et répartis dans les musées fran?ais (musée de l'Homme, musée du Quai Branly) et dans les collections privées, mais aussi leur rapatriement.
Mais son homologue fran?ais d'alors, Jean-Marc Ayrault, avait donné un avis défavorable à la requête du gouvernement du président Patrice Talon.
Puis le 28 novembre 2017, le président fran?ais, Emmanuel Macron, dans un discours prononcé à l'université Ki-Zerbo, à Ouagadougou au Burkina Faso, avait annoncé son intention de restituer les 26 ?uvres réclamées par le Bénin.
A la suite de ce discours, le président Macron a commandé un rapport à Felwine Sarr, professeur à l'Université Gaston-Berger de Saint-Louis, au Sénégal et Bénédicte Savoy, professeure à l'université technique de Berlin.
Les deux professeurs ont suggéré la modification du code du patrimoine, avec l'introduction d'un article qui stipulerait que des restitutions d'objets africains transférés pendant la période coloniale fran?aise pourraient être prévues dans le cadre d'un "accord bilatéral de coopération culturelle" entre "l'Etat fran?ais et un Etat africain".
Finalement, une loi a été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des ?uvres dans les collections publiques, évoqué par le gouvernement fran?ais en 2016.