Le représentant spécial du secrétaire général pour l'Afrique centrale a dressé mercredi, devant le Conseil de sécurité, un tableau préoccupant de la situation dans cette sous-région, marquée par l'instabilité croissante en République centrafricaine (RCA) et la prolifération des groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
En RCA, la situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme se détériore rapidement, tandis que les arrangements politiques de transition sont toujours aussi fragiles, s'est inquiété Abou Moussa, qui est également le Chef du Bureau régional de l'ONU pour l'Afrique centrale (BRENUAC).
Jugeant "particulièrement alarmante" la multiplication récente des violences intercommunautaires, le haut fonctionnaire a estimé qu'il y avait urgence à d'appréhender cette crise avant qu'elle n'échappe au contr?le de la communauté internationale et ne fasse davantage de victimes.
Les autorités en place à Bangui s'avèrent toujours incapables de ma?triser les éléments de la SELEKA, ce qui crée des tensions le long des frontières du pays avec les états voisins et affecte la vitalité économique, a-t-il poursuivi. En outre, le flux de réfugiés centrafricains dans les pays voisins de la RCA est un fardeau de plus à gérer pour une sous-région qui porte déjà celui des personnes déplacées. Le risque que la crise en RCA ne déborde sur la sous-région est réel, a prévenu Abou Moussa.
La situation remonte à un an en arrière. En décembre 2012, la coalition rebelle de la Séléka lance une série d'attaques, prend le contr?le de plusieurs villes clés du pays avant d'accepter d'entamer des pourparlers de paix sous les auspices de la Communauté économique des états de l'Afrique centrale (CEEAC). Conclu en janvier 2013 par le gouvernement et les trois principales formations rebelles de la Séléka, l'Accord de Libreville aide à rétablir une certaine stabilité nationale.
Mais les combats reprennent à la mi-mars et les forces de la Séléka s'emparent de Bangui et chasse du pouvoir Fran?ois Bozizé. Michel Djotodia se déclare alors le président de la République, annonce des élections au plus tard d'ici trois ans et maintient à son poste le Premier Ministre Nicolas Tiangaye, issu de l'Accord de Libreville. Au titre de cet Accord et de la Déclaration de N'Djamena en date du 18 avril 2013, des institutions de transition sont mises en place.