La publication des résultats définitifs des élections législatives guinéennes par la Cour suprême met un terme à une transition qui a duré environ 5 ans et plongé le pays dans une stagnation.
Tout a commencé par le putsch perpétré par une junte militaire dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, le 23 décembre 2008, le lendemain du décès de Lansana Conté, président de la deuxième République, posant ainsi les jalons d'un Etat démocratique.
Les putschistes ont invoqué comme argument la "malgouvernance", qui a caractérisé selon eux le règne de Conté, pointant du doigt la gestion scabreuse des deniers publics par ceux qui avaient la main à la patte.
L'avènement au pouvoir de Dadis Camara sera donc salué même par la classe politique, qui a préféré cette incursion de l'armée au devant de la scène politique, en vue d'éviter que le pays ne plonge dans le chaos.
Les choses vont tourner cependant court pour le chef de la junte, qui se fera éjecter de son piédestal, suite à une tentative d'assassinat.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, blessé donc par son aide de camp Aboubacar "Toumba" Diakité, suite à une altercation survenue le 3 décembre 2009, va s'effacer au profit de son second le général Sékouba Konaté. Celui-ci a les coudées franches pour conduire la transition, au terme d'un accord paraphé par les acteurs politiques à Ouagadougou en janvier 2010.
Un accord qui prévoyait la tenue d'une élection présidentielle au mois de juin de la même année. Le scrutin a belle et bien lieu, avec près de 4 mois entre le premier et le second tour. De ce vote, le pays va sortir très marqué par une déchirure du tissu social.
La crise postélectorale était plus difficile à gérer, de sorte que le président Alpha Condé, le président élu, dont la prestation de serment a eu lieu le 21 décembre 2010, va passer près de 3 ans, avant de pouvoir enfin organiser un scrutin législatif. C'était le 28 septembre dernier.
Un scrutin dont l'enjeu portait sur le contr?le de la future Assemblée nationale. Le RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir, qui s'est requinqué au lendemain de la présidentielle, par l'adhésion d'une quarantaine de partis politiques à la mouvance présidentielle, a bénéficié de 53 sièges à l'issue de ce scrutin. Dépassant d'une courte tête l'opposition, dont les deux principaux partis réunis ont obtenu 47 sièges de députés.
Vendredi, la Cour suprême n'a fait que valider les résultats fournis par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Des résultats que l'opposition avait contesté certes, mais que certains observateurs trouvent "acceptables", vu que la mouvance ne s'est pas arrogée la majorité absolue au sein du futur parlement.
Il faut saluer la tenue de ce vote censé mettre un terme à près de 5 ans de transition, avec la mise en place dans les prochains jours de l'Assemblée nationale, le pays va enfin axer l'essentiel de ses forces sur son développement.
Pour ce pays qui manque quasiment de tout, en termes d'infrastructures et de ressources humaines qualifiées, dans une sous région en proie à une forte natalité et à des travers comme le trafic de drogue et la circulation des armes légères, la Guinée a besoin de paix et de stabilité, si elle veut aller de l'avant.