Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a récemment procédé à un remaniement ministériel impliquant un total d'onze portefeuilles, dont celui de la Défense nationale, de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice. Cette démarche, qui intervient à un an de l'installation d'Abdelmalek Sellal à la tête de l'exécutif, a pour dessein, selon des observateurs, la préparation des prochaines élections présidentielles prévues en avril 2014.
Le jour même où le remaniement ministériel a été annoncé mercredi dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a indiqué que le remaniement a conduit à "un gouvernement homogène", dont l'objectif consiste à poursuivre la réalisation du programme de développement du président avec une plus grande dynamisation, notamment dans les secteurs de la santé, de l'agriculture et de l'industrie.
Cependant, pour les desseins d'un tel remaniement, des observateurs ont estimé que c'est plut?t l'échéance des présidentielles de 2014 qui est en ligne de mire.
Rachid Tlem?ani, enseignant-chercheur à la faculté de sciences politiques de l'Université d'Alger III, a indiqué à Xinhua que "le staff gouvernemental qui vient d'être changé aura pour mission de préparer les prochaines élections présidentielles en faveur de l'actuel clan présidentiel".
Le changement, opéré à sept mois de la fin du mandat du président sortant, est un signal fort que le chef de l'Etat a l'intention de donner un coup de fouet pour l'achèvement de son programme de développement quinquennal (2010-2014) doté d'une montant de 286 milliards de dollars, et ce sur fond de polémique autour de la continuité de M. Bouteflika de briguer un quatrième mandat, a noté cet expert.
"Ce remaniement, aussi important soit-il, ne prend pas les intérêts de la population comme priorité, mais le plus important est de faire cap sur les prochaines présidentielles", a poursuivi M. Tlem?ani, sur la question de savoir si ce remaniement apportera du nouveau pour la dynamique économique et sociale.
L'un des changements majeurs dans le récent remaniement porte sur Ahmed Ga?d Salah, nommé à la fois chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) et vice-ministre de la Défense nationale.
Sur ce sujet, Ahmed Adimi, un politologue et colonel de l'Armée à la retraite, ne pense pas que cette nomination est dictée par les menaces terroristes prenant de l'ampleur sur les frontières avec le Mali, la Libye et la Tunisie.
Dans une contribution au quotidien arabophone Echourouk, publiée samedi dernier, M. Adimi a fait remarquer que "c'est pour la première fois qu'un lien direct soit établi entre le ministère de la Défense (administration) et le chef d'état-major (opérationnel). Ce qui signifie, pour l'instant, qu'il y a seulement un homme fort au ministère de la Défense".
L'analyste politique a fait ressortir deux scénarios possibles derrière le récent remaniement ministériel.
"Le président Bouteflika semble développer un plan à deux scénarios concernant son avenir politique. La première possibilité consiste à prolonger son mandat pour deux autres années par la prochaine modification de la Constitution, tandis que le second scénario consiste à briguer un quatrième mandat lors des élections de 2014", a fait savoir l'analyste.
Le président Bouteflika, 76 ans, a été victime d'un accident vasculaire cérébral le 27 avril dernier, suite auquel il a été évacué en France pour y recevoir des soins médicaux. Pendant son absence, certains opposants ont demandé l'organisation des élections présidentielles anticipées. Il est retourné en Algérie à la mi-juillet.
L'Algérie est régie par un système de gouvernance présidentiel, dans lequel la Constitution confère au président de nommer le Premier ministre et de remanier, sur ordre du président, le cabinet, chargé de mettre en ?uvre le programme du président.