Un nouveau gouvernement d'union nationale est formé en Centrafrique avec des postes clés revenus à l'alliance des rebelles de la Séléka, une semaine après que celle- ci eut pris le pouvoir dans ce pays enclavé de l'Afrique centrale, selon un décret lu dimanche soir à la radio nationale.
Dans ce gouvernement de 34 postes, auquel participent également d'anciens opposants et des membres de la société civile, le leader de la Séléka Michel Djotodia, qui a renversé le régime de Fran?ois Bozizé le 24 mars et s'est autoproclamé nouveau chef de l'Etat, prend également le poste du ministre de la Défense nationale.
Le nouveau gouvernement, chargée de préparer des élections d'ici trois ans, sera dirigée par Nicolas Tiangaye, Premier ministre du régime de Bozizé pendant plus de deux mois.
Au lendemain de la prise du pouvoir, Djotodia a suspendu la Constitution, dissout le Parlement et annoncé qu'il va légiférer par ordonnance durant la période de transition.
La Séléka détient au moins six portefeuilles clés. A part la défense nationale, les ministères chargés du Pétrole, de la Sécurité publique, des Eaux et Forêts, de la Communication et du Commerce sont aussi occupés par des personnes issues de la Séléka.
Herbert Gotran Djono Ahaba, membre de la Séléka et ancien ministre de la Géologie, de la Recherche Minière et de l'Hydraulique dans le gouvernement du 3 février, devient ministre d'Etat chargé du Pétrole.
Christophe Gazam Betty garde le ministère de la Communication. Nourrendine Adam, chef de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) fondamentale, une des factions de Séléka, a été nommé ministre d'Etat de la Sécurité Publique.
Le KNK, parti de Fran?ois Bozizé, ne dispose qu'un seul poste : le ministre délégué à l'enseignement fondamental, attribué à Claude Lenga.
Quant aux opposants de Bozizé et la société civile, on note les personnalités telles que Crépin Mboli-Goumba, un avocat et de l'opposition démocratique. Il garde son poste du ministre d'Etat de l'Equipement et porte-parole du gouvernement.
Charles Armel Doubane, ambassadeur de la RCA auprès des Nations Unis, a été nommé ministre des Affaires étrangères.
Lors d'une manifestation de soutien à la Séléka au centre-ville de Bangui samedi, Michel Djotodia a promis de remettre le pouvoir à quelqu'un d'autre dans trois ans.
Appelant ses compatriotes qui se sont enfuis à l'étranger à rentrer au pays, Djotodia avait réaffirmé qu'il exclut tout acte de représailles contre ses adversaires.
Touterois, l'Union africaine a décidé de suspendre la participation de la République centrafricaine à toutes ses activités et d'imposer des sanctions, à savoir des restrictions de voyage et le gel des avoirs des dirigeants de la Séléka.
L'institution continentale a également demandé à "tous les Etats membres de prendre les mesures requises pour isoler totalement les auteurs du changement anticonstitutionnel en République centrafricaine".
Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 par un coup de force contre Ange Félix Patassé, se trouve actuellement à Yaoundé au Cameroun, "en attendant de se rendre dans un autre pays d'accueil", selon la présidence camerounaise.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a aussi fustigé dimanche le coup d'Etat des rebelles dirigé par Djotodia et appelé à "la restauration rapide de l'ordre constitutionnel".
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) consacré à la crise centrafricaine se tiendrait le 3 avril à N'Djaména, a annoncé le président tchadien Idriss Deby Itno, par ailleurs président en exercice de la CEEAC.
Le sommet va étudier les possibilités de revenir à l'accord de Libreville, signé le 11 janvier entre le clan de Fran?ois Bozizé, les rebelles du Séléka et l'opposition, après une première offensive qui avait mené le Séléka aux portes de Bangui, selon la présidence tchadienne.
Le président sud-africain, Jacob Zuma, y est attendu, a déclaré samedi le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki Mahamat.