La civilisation occidentale s'est développée sur la base de paradigmes tels que ‘l'épanouissement de l'individu' ou encore ‘la démocratie parlementaire'. Rien ne dit que la Chine doive forcément suivre la même voie. ? Le type de personnalité ou ‘d'être au monde' pour utiliser un terme plus philosophique, ne sera pas nécessairement basé sur l'Ego ou la personne. Il y a dans la culture asiatique une dimension communautaire et sociale qui est beaucoup plus forte que chez nous. Je peux m'oublier moi-même et être parfaitement heureux ainsi, simplement en servant ma famille, mon groupe et ma société, parce que j'y trouve mon bonheur. ? Patrick Nijs en veut pour preuve l'échec relatif de la psychanalyse dans les sociétés asiatiques. Alors qu'il était en poste au Japon lors du tremblement de terre de Kobe, il a vu à quel point les Occidentaux pouvaient se lamenter sur leur sort, là où les Japonais faisaient face à la situation en essayant de s'oublier un peu eux-mêmes.
Le modèle occidental n'est pas soutenable à long terme. Cinq milliards d'individus qui tous se croient uniques, ce n'est pas viable. ? L'Occident a fait de l'individualisme un des ses paradigmes fondamentaux. Pour moi, c'est une impasse. On passe son temps à se préoccupper de soi-même, alors que dans le fond, on ne présente aucune forme d'intérêt. ?
L'originalité du peuple chinois, Patrick Nijs la voit aussi dans une approche plus intuitive des choses. On se pose moins de questions, ?a ne sert à rien. Pourquoi nos choix devraient-ils toujours être justifiés par des discours et des études de textes ? ? En Chine, les choses ne sont jamais définitives. Les choix sont portés par un mouvement de l'être qui n'est pas toujours nécessairement rationnel mais qui est peut-être plus vrai. ?