Les archives sont gérées d'une manière "calamiteuse" dans la majorité des administrations sénégalaises, dénonce l'Inspection générale d'Etat (IGE) dans récent rapport.
Selon des professionnels du métier, cette mauvaise gestion des archives constitue un facteur de contre performance de l' administration et un frein au développement.
Pour l'archiviste Adama Aly Pam, interrogé par le site d' information Ecofinance.sn, "on minimise la gestion de l' information dans les administrations africaines et cette situation constitue un facteur de blocage et de contre performance de l' administration ainsi qu'une perte énorme de temps et d'énergie".
"Les documents administratifs constituent la source fondamentale des politiques publiques. Leur gestion, leur interprétation, leur mémoire constituent les bases de l'action politique pour le développement", a-t-il expliqué.
"L'identification et la conservation des preuves, justifiant les actes des officiers publics, permettent à toute administration de limiter le risque de contentieux et de garantir les droits des administrés", a-t-il affirmé.
Il a estimé en conséquence que "la bonne gestion des archives est un devoir de service public parce que les archives sont un vecteur de transparence démocratique et renforcent la confiance des citoyens dans l'administration".
Lors de la célébration de la Journée internationale des archives, la directrice des Archives du Sénégal, Fatoumata Cissé Diarra, avait d'ailleurs souligné "l'urgence, pour les services de l'administration publique, de déposer les actes et la nécessité de doter (le Sénégal) d'un centre national des Archives".
Le professeur-archiviste Mbaye Thiam de l'Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes, a pour sa part déclaré à l'Agence de presse sénégalaise que "les archivistes souhaitent que les politiques les accompagnent pour l'émergence de politique de développement articulée autour d'informations fiables, valides et pertinentes".
"Il faut une maison des archives au Sénégal sinon l'héritage que la France nous a légué et l'héritage commun que nous supervisons au titre de l'ensemble des pays de l'Afrique occidentale fran?aise risque d'être perdu", a-t-il prévenu.
"Au de-là d'une maison des archives, les professionnels du métier souhaitent voir dans chaque région, département et collectivité locale, une maison des archives, pour la préservation, la prise en charge et la sauvegarde du patrimoine produit quotidiennement", a-t-il ajouté.
De son coté, Fatoumata Cissé Diarra avait sollicité "la poursuite du programme de recrutement spécial massif d'archivistes et de techniciens pour renforcer le personnel de la direction des Archives".
Elle avait également demandé "l'appui des autorités pour la recherche de financements pour la numérisation des collections et fonds anciens conservés aux archives nationales".
Dr Adama Aly Pam est d'avis que "l'administration pourrait s' appuyer sur le dispositif de l'Intranet gouvernemental afin de rendre la disponibilité de l'information administrative plus accessible aux administrés et aux décideurs".
Toutefois, a-t-il soutenu, "une organisation rationnelle de l' information est encore plus nécessaire à l'ère du numérique et constitue un des enjeux de la modernisation des services publics".
Il a expliqué que "le développement des technologies de l' information numérique est source de risques comme la multiplication incontr?lée, la modification, la falsification, voire la disparition totale des données".
"La garantie de la fiabilité, de l'exactitude et de l' authenticité des données devient cruciale parce que l'écrit électronique est confronté à trois défis majeurs que sont l' inflation, l'intégrité et la pérennité", a-t-il conclu.