En République démocratique du Congo (RDC), la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a cl?turé lundi l'opération de dép?t des candidatures aux élections provinciales prévues en octobre alors que de nombreux partis politiques de l'opposition continuent de refuser de participer à ces prochaines élections.
Selon le rapporteur général de la CENI, Jean-Pierre Kalamba, 3, 115 formulaires ont été retirés et 1,108 notes de perception de caution re?ues auprès de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation ( DGRAD).
"Mais, de nombreux dossiers des candidatures trainent encore au niveau de partis politiques", a-t-il annoncé, ajoutant que le fichier électoral mis à jour compte près de 30.682.600 électeurs inscrits.
L'opération de dép?t des candidatures ainsi que le calendrier global des élections locales et provinciales de 2015, avant les législatives et la présidentielle de 2016, suscitent toujours des réactions diverses dans l'opposition. De nombreux partis politiques semblent avoir choisi la politique de la chaise vide.
A Kinshasa comme dans plusieurs autres circonscriptions électorales du pays, l'opération de dép?t des candidatures, lancée par la CENI le 15 avril, n'a pas connu beaucoup d'engouements à l' opposition. Dans une déclaration faite le 20 avril à Kinshasa, les partis d'opposition exigeaient "des assurances" de la CENI avant de s'engager dans ce processus.
"La situation politique est délétère en République démocratique du Congo et caractérisée par un processus électoral hypothétique, l'installation improvisée et dangereuse des nouvelles provinces", déclare Martin Fayulu, président du parti "Engagement pour la citoyenneté et le développement" (Ecide).
La plate-forme de l'opposition "Forces acquises au changement ( FAC)" maintient son refus de s'engager. Le coordonnateur de cette structure, Martin Fayulu Madidi, a réaffirmé le 23 mai que les FAC ne déposeraient pas leurs candidatures à ces scrutins tant que la CENI n'aura pas répondu aux revendications de l'opposition, notamment l'intégration de nouveaux majeurs au fichier électoral ou encore la modification du calendrier électoral avec l' élimination des élections locales pour donner priorité aux élections présidentielles et législatives.
"Nous avons donné trois préalables. Le premier, c'est l' enr?lement de tous les électeurs congolais. C'est-à-dire toute personne ayant atteint l'age de 18 ans et plus doit être enr?lée pour construire une base de données donc un fichier électoral. Nous avons dit qu'un fichier électoral crédible est la base de toute élection transparente. Il faut que le calendrier soit consensuel et que la CENI soit neutre", a indiqué M. Fayulu.
L'opposition avait également exigé une enquête internationale et indépendante sur ce qu'elle qualifie de fosse commune de Maluku, une zone périphérique de l'est de Kinshasa, où furent enterrées de nombreuses personnes qui seraient, selon l'opposition, des victimes de la répression de manifestations de janvier 2015 pour contester le calendrier électoral global.
Le Congrès national congolais (CNC), un parti membre de la Majorité présidentielle (MP), avait fustigé ces positions de l'opposition politique congolaise, qui pose des préalables pour participer aux élections locales, municipales et provinciales. Ce parti du député national Pius Muabilu qualifie ce comportement de "gravissime, d'anticonstitutionnel et d'anti-démocratique".
Cependant, la CENI, tout comme la Majorité présidentielle, rejette l'hypothèse de l'impréparation des élections provinciales. "Le fichier électoral mis à jour a fait l'objet d'un examen minutieux" a déclaré à Xinhua un membre de la CENI.
En revanche, la CENI avoue n'avoir pas supprimé les noms des électeurs décédés du fichier. D'où, les accusations de manque de transparence formulées par certains critiques et les dénonciations des retards enregistrés dans la mise en oeuvre du calendrier électoral global.
Selon Jér?me Bonso, expert congolais en matière électorale, la CENI est en difficulté pour appliquer le calendrier électoral.
"Nous avons salué la publication, le 12 février 2015, du calendrier électoral global par la CENI et avons aussi pris acte des 23 contraintes externes liées à la mise en oeuvre du calendrier électoral 2015-2016. Cependant, nous sommes préoccupés et inquiets par le retard enregistré dans l'exécution de certaines opérations programmées et chronométrées qui risquent de donner un coup fatal aux autres opérations, bouleversant ainsi toute la planification des opérations et échéances électorales", a-t-il déclaré.