Il y a un siècle, les femmes réclamaient l'égalité des droits, de meilleures conditions de travail et le droit de vote au travers de manifestations, d'où l'origine de la Journée internationale de la femme. Aujourd'hui, la lutte contre l'inégalité des sexes continue, et les débats sur ce sujet se poursuivent.
A l'approche du 8 mars, huit Chinoises étaient invitées à une rencontre-débat sur "les choix des femmes", organisée par l'Ambassade de France en Chine, pour parler de la situation des femmes au sein de la société et leurs choix face à la discrimination.
D'après Zheng Aiqing, professeur adjointe à la faculté de droit de l'Université du Peuple de Chine, les lois protégeant les droits des femmes ont progressé, mais très lentement. L'inégalité de traitement des femmes au travail persiste. "Mes étudiantes rencontrent des actes de discrimination dans leur recherche d'un emploi. Des questions concernant la vie privée, telles que le mariage et la décision d'avoir un enfant, sont souvent posées", explique-t-elle.
Guo Yuhua, professeur de sociologie à l'Université Tsinghua, dénonce la situation vulnérable des ouvrières migrantes. Elle constate que les jeunes femmes avec des mains agiles sont les bienvenues dans les usines de sous-traitance comme Foxconn, car elles ont un caractère docile et sont donc soumises au pouvoir et au capital. Leurs collègues masculins, au contraire, savent mieux protéger leurs droits en s'unissant autour de groupes de type mafieux.
Si les femmes sont traitées de fa?on inégale au travail, elles rencontrent aussi des contraintes morales et sociales.
"La société chinoise conna?t mal le phénomène de la multiplicité des sexes. Les lesbiennes, bi et trans sont méprisées par leur entourage et refusées par leur famille, car la femme justifie son statut quand elle se marie avec un homme et fait des enfants avec lui", note Xu Bin, fondatrice de plusieurs ONG qui oeuvrent pour la défense des droits des personnes LGBT.
Jiang Fangzhou, jeune écrivaine et rédactrice adjointe de l'hebdomadaire New Weekly, estime que malgré l'augmentation du nombre de femmes parmi les élites, la société chinoise a tendance à être de plus en plus conservatrice. "J'ai été choquée par une chanson diffusée à la télé lors de la fête du Printemps, qui faisait l'éloge des bonnes relations belles-filles-belles-mères. Je me suis rendue compte de la propagande sur le retour à la famille, mode de vie figé des femmes."
Elle note également que beaucoup d'entreprises high-tech soulignent la présence des femmes dans leurs publicités pour attirer les hommes. "Là-bas, la femme est plus une mascotte qu'une richesse intellectuelle, et beaucoup de femmes ne s'en rendent pas compte."
"On dit souvent que la femme rencontre beaucoup de contraintes dans la société. Mais qu'est-une société ? N'est-elle pas composée à moitié par nous, les femmes ?", s'interroge Meng Mei, intellectuelle francophone et traductrice d'"Un Amour de Swann", de Marcel Proust.
"Nous avons toutes le droit de vivre la vie de notre choix. Il faut être conscientes de nos droits et avoir du courage pour faire bouger les choses. Bien s?r, il est difficile de faire preuve de courage, d? à notre culture du juste-milieu", lance-t-elle.
Mme Guo, quant à elle, appelle à l'amélioration des droits des femmes par la loi. "Le monde est soumis aux règlements, à la culture et à l'humanité. Il faut assurer les droits des femmes au niveau des lois, et les gens doivent apprendre à mieux comprendre la place des femmes dans la société."