Dernière mise à jour à 09h03 le 19/12
"Il s'agit d'une journée exceptionnelle, une opportunité historique et une nouvelle page que le peuple va tourner dans l'histoire de son pays", a affirmé samedi le président de la République tunisienne, Ka?s Sa?ed, à la sortie du bureau de vote après avoir accompli son devoir électoral.
S'adressant à ses compatriotes, le président Sa?ed a déclaré : "Je vous dis qu'il s'agit de votre opportunité historique. Ne la manquez pas. Faites recours, uniquement à votre conscience jusqu'à ce que vous retrouviez vos droits légitimes à la justice et à la liberté".
"Seul le citoyen , avec son libre choix et sa conscience pourrait relever tous les défis, et en est capable d'avancer pour faire une nouvelle histoire afin que nous puissions tourner main dans la main une nouvelle page de l'histoire pour notre pays", a-t-il souligné.
"La souveraineté est au peuple afin d'atteindre la liberté et la dignité et de consolider la souveraineté de la Tunisie. Les lois devant être promulguées par le prochain Parlement devraient exprimer les désirs et les aspirations du peuple à la gloire, à la dignité et à la liberté", a indiqué M. Sa?ed.
LE DEFI DU TAUX DE PARTICIPATION
Plus de 500.000 électeurs ont participé au vote à 13H00, soit cinq heures après l'ouverture des bureaux de vote, a annoncé le vice-président de l'Instance supérieure indépendante électorale (ISIE), Maher Jedidi.
Dans une déclaration au centre de médias, M. Jedidi a indiqué que le taux de participation pour hommes était de 73% alors que celui pour femmes était de 27%.
Pour le chef de l'instance électorale, Farouk Bouasker, "l'espoir est de voir le taux de participation se rapprocher, voire même dépasser celui enregistré lors des précédentes échéances notamment le seuil des 2,9 millions d'électeurs lors du dernier référendum du 25 juillet".
Environ 4.450 observateurs locaux et plus de 500 observateurs étrangers ont été accrédités par l'instance électorale tunisienne, a fait savoir Mohamed Tlili Mansri, porte-parole officiel de l'ISIE.
Selon le calendrier électoral, les résultats préliminaires devraient être annoncés le 20 décembre. La date du 19 janvier a été fixée comme ultimatum pour la proclamation des résultats définitifs. Un second tour devrait ensuite avoir lieu en février ou mars 2023 dans les circonscriptions dont les résultats n'ont pas été tranchés entre les candidats.
UN MODE DE SCRUTIN QUI ROMPT AVEC LE PASSE
La nouvelle loi électorale tunisienne stipule un mode de scrutin qui rompt avec les précédents processus électoraux. Les membres de l'Assemblée des représentants du peuple étaient, auparavant, élus au scrutin proportionnel plurinominal : les électeurs votaient pour des listes et le nombre de sièges était ensuite réparti en fonction du nombre de voix obtenues.
Ce système électoral a été remplacé par le scrutin uninominal majoritaire à deux tours : les électeurs votent, désormais, pour un seul candidat. En fait, si aucun candidat n'obtient la majorité absolue, un deuxième tour est organisé entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix.
Il s'agit du premier scrutin mis en place depuis l'adoption de la nouvelle Constitution en juillet dernier et l'approbation du nouveau Code électoral en septembre. Le nouveau code électoral stipule une batterie de changements et modalités sur plusieurs niveaux, portant notamment sur les règles de la campagne, les modalités d'élection ou encore le fonctionnement du nouveau Parlement, qui sera constitué de deux chambres.
UNE CANDIDATURE INDIVIDUELLE ET UN PARRAINAGE PLUS STRICT
Parmi les changement phares figure la séparation entre candidature et appartenance partisane. Auparavant, ces candidats pouvaient présenter des listes, alors que la nouvelle loi électorale stipule que les candidats doivent se présenter individuellement, sans affiliation partisane affichée ou manifestée.
Quant au parrainage, la nouvelle loi électorale prévoit des règles strictes : les candidats sont dans l'obligation de rassembler 400 parrainages parmi les électeurs de leur circonscription en suivant des critères de parité et d'age (50 % d'hommes, 50 % de femmes et au moins 25 % de jeunes de moins de 35 ans). La condition est que chaque électeur ne peut parrainer qu'un seul candidat.
Le nouveau code électoral exige aux candidats de fournir un programme local ainsi qu'un casier judiciaire vierge pour pouvoir postuler auprès de l'ISIE, qui est exclusivement la partie chargée et habilitée à valider les dossiers. Il est désormais interdit de recourir à de l'argent public ou de faire financer sa campagne par un parti, seuls les financements privés étant autorisés.
A noter que le nombre total des centres de vote a atteint 4.551, dont 140 à l'étranger, alors que le nombre total des bureaux de vote s'élève à 11.310 dont 175 à l'étranger.
La campagne électorale s'est déroulée du 25 novembre au 13 décembre dans une atmosphère "tranquille", selon des observateurs locaux. Les candidats aux législatives étaient autorisés à faire campagne de manière individuelle en dehors de leur bannière partisane.
Au total, 1.058 candidatures ont été retenues et le nombre de députés du futur Parlement a été réduit à 161 contre 217 lors des législatures précédentes.