Dernière mise à jour à 15h49 le 29/03
Le conflit russo-ukrainien qui a éclaté jeudi dernier, sur fond de sanctions européennes suscite des inquiétudes relatives à un risque de nouvelle hausse des prix de l'hydrocarbure et des matières premières en France.
La Russie est le premier exportateur de pétrole et le plus grand fournisseur de gaz naturel de l'UE. Elle fournit environ 40% du gaz de l'UE selon les chiffres de l'Office européen de statistiques, Eurostat.
Cette dépendance de l'UE aux hydrocarbures russes entra?nera une flambée des prix liée au conflit (réaction aux sanctions européennes) en Europe et notamment en France, estiment les spécialistes. "Il est très probable que les prix à la pompe - déjà en hausse ces derniers mois- continuent d'augmenter du fait de la crise en Ukraine", a expliqué sur RTL, le président de l'Union fran?aise des industries pétrolières, Olivier Gantois.
D'après les spécialistes, l'incertitude du conflit russo-ukrainien a créé de l'inquiétude sur les marchés de l'énergie, et a fait ainsi flamber les prix. Selon Fran?ois Lenglet, journaliste spécialiste des questions économiques, la France dispose des réserves de gaz qui sont à 30% de leurs capacités. Il n'y a donc pas de risque à court terme de pénurie, a-t-il indiqué, confirmant ainsi les propos de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
Les "stocks stratégiques de pétrole couvrent près de trois mois de consommation et nous permettent de faire face à des perturbations d'approvisionnement. Les Fran?ais ne risquent pas de manquer de carburant ou de gaz pour se chauffer dans les prochains mois", a rassuré la ministre Barbara Pompili. Mais la menace existe et, est lié à l'issue du conflit. "Le vrai risque c'est l'automne 2022 car la crise ukrainienne intervient alors que les investissements mondiaux de la production d'hydrocarbure (gaz et pétrole) se sont effondrés passant de 700 à 350 milliards de dollars", a expliqué M. Lenglet sur TF1.
L'inquiétude grandit également sur le marché agricole qui pourrait être touché. Les sanctions financières contre la Russie créent un risque énorme de mesures de rétorsion contre les produits de l'UE au premier rang desquels les produits agricoles, notamment fran?ais, a prévenu la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.
"La Russie a la main sur le robinet du gaz et pour faire des engrais, il faut du gaz. Les engrais ont déjà augmenté de 90% en un an, c'est énorme", a déploré sur BFM Business la présidente de la FNSEA,
Il s'y ajoute les incidences du conflit russo-ukrainien sur les marchés du blé. "L'est de l'Ukraine (les deux régions reconnues par la Russie) représente une part importante de la production de blé ukrainien : 12% des exportations mondiale", a-t-elle ajouté.
Selon Arthur Portier, consultant chez Agrital, le conflit entre l'Ukraine et la Russie a fait monter de manière significative le prix des matières premières agricoles. "Dans ce contexte de crise, l'élevage fran?ais peut avoir des difficultés liées à la hausse du co?t de l'alimentation qui n'est pour le moment pas compensé par une hausse des produits chimiques", a-t-il expliqué.
Outre le marché agricole, c'est l'incertitude du c?té des groupes fran?ais présents en Russie. Selon le ministère fran?ais de l'Economie, plus de 500 filiales d'entreprises fran?aises sont implantées en Russie - dont 35 entreprises du CAC40 -, et interviennent notamment dans les domaines des hydrocarbures avec TotalEnergie, de l'automobile avec Renault ou encore de la grande distribution avec Auchan.
"Il y a forcément de l'inquiétude pour notre business (...) Nous sommes dans l'incertitude complète" a confié au Figaro Euryale Chatelard, présidente de la French Tech en Russie et fondatrice de Trianon startups. Mais les autorités fran?aises rassurent : "Nous sommes peu exposé au marché russe. C'est 1 à 2% des exportations et des importations fran?aises, donc l'impact sur le marché fran?ais sera limité", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire reconnait cependant que quelques entreprises notamment dans les domaines énergétiques peuvent avoir des difficultés, ainsi que des PME et des sous-traitants. "Nous les recevrons, pour voir comment les accompagner. On va recevoir aussi la FNSEA et regarder les risques d'impact sur les cultures", a-t-il indiqué sur BFMTV.