Dernière mise à jour à 14h13 le 22/08
Le déploiement du système du bouclier antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) en Corée du Sud constitue une menace pour la Russie et la Chine et compromet la paix et la stabilité dans la région, a estimé un expert militaire russe.
"En agissant ainsi, les conditions sont créées pour combattre la menace nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) avec des moyens militaires. Cela est très dangereux et peut avoir des conséquences imprévisibles", a indiqué Constantin Sivkov, membre associé de l'Académie russe des sciences des missiles et de l'artillerie, dans une interview accordée récemment à Xinhua.
Le 8 juillet, Séoul et Washington ont annoncé avoir conclu un accord sur le déploiement d'ici à fin 2017 d'une batterie THAAD dans la région de Seongju, à quelque 250km au sud-est de la capitale sud-coréenne, afin de lutter contre les menaces nucléaires éventuelles de la RPDC.
La Russie et la Chine ont exprimé leur forte objection au déploiement du THAAD en Corée du Sud, car cela nuirait à leurs intérêts de sécurité et romprait l'équilibre stratégique dans la région.
M. Sivkov a indiqué que le déploiement du système de défense antimissile pourrait réduire le potentiel des armes nucléaires tactiques russes et chinoises, qui ont servi de moyen de dissuasion nucléaire.
Il a poursuivi que les données recueillies par les radars du système pourraient repérer et surveiller des cibles non seulement sur le territoire de la RPDC, mais aussi en Chine et en Russie.
Le radar AN/TPY-2 est capable de repérer un missile à une distance de 600 à 800 km, la portée souhaitée par la Corée du Sud. Mais la portée peut être étendue à tout moment à 2.000 km, car les deux versions du système partagent le même matériel.
Une fois que le système sera déployé en Corée du Sud, les Etats-Unis pourraient facilement surveiller la Chine et la Russie, ce qui menacerait les intérêts de sécurité des deux pays et la paix dans la région.
Selon l'expert russe, le déploiement du THAAD a incité la Chine et la Russie à renforcer leur coopération militaire.
D'après lui, le potentiel nucléaire de la Russie, qui sert de moyen de dissuasion face aux Etats-Unis, pourrait compléter le potentiel de la Chine visant à garantir sa sécurité nationale.
De même, la puissance militaire générale de la Chine est importante pour la Russie, notamment ses troupes terrestres et, dans une moindre mesure, sa marine, qui est déjà devenue une force importante, ainsi que son potentiel industriel, a-t-il indiqué.
"Par conséquent, nous sommes deux pays qui ont objectivement besoin l'un de l'autre. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons résister aux défis et menaces modernes", a déclaré M. Sivkov.
Plus t?t, la Russie avait évoqué la possibilité de déployer des unités de missiles dans sa région extrême-orientale en réponse au déploiement du THAAD. Le ministère chinois de la Défense a également indiqué récemment que Beijing était en train de tester ses propres systèmes de défense antimissile afin de renforcer ses capacités d'auto-défense.
M. Sivkov a exclu la possibilité que la Corée du Sud renonce au déploiement du THAAD, estimant que le gouvernement de Séoul est une "marionnette des Etats-Unis" qui a vraiment peur de la capacité nucléaire de la RPDC.