La prochaine rencontre entre la présidente brésilienne Dilma Rousseff et son homologue américain Barack Obama est un signe que les deux pays vont dépasser leur querelle d'espionnage, mais des observateurs ont indiqué que leurs liens bilatéraux resteront distants à cause des penchants de la politique étrangère du Brésil.
Les deux dirigeants ont prévu de se rencontrer en marge du Sommet des Amériques, qui se tiendra au Panama vendredi et samedi, et où seront annoncés les détails de la prochaine visite de travail de Mme Rousseff à Washington cette année.
Ce voyage prévu de Mme Rousseff à Washington marque un point positif et un pas en avant dans les relations tendues entre le Brésil et les Etats-Unis à cause du large espionnage politique et industriel des Etats-Unis sur le gouvernement brésilien et le géant brésilien du pétrole Petrobras, que le lanceur d'alerte Edward Snowden à révélé il y a quelques années.
Ces révélations ont mené Mme Rousseff à tout d'abord annuler une visite d'Etat à Washington prévue en octobre 2013. Elle a ensuite mené une campagne internationale aux Nations Unies afin d'empêcher l'agence de renseignement américaine (la NSA - National Security Agency) et d'autres organisations similaires d'espionner complètement les dirigeants, les sociétés et les citoyens du monde.
Mais selon certains observateurs politiques interviewés par Xinhua, la distance diplomatique entre ces deux pays ne s'explique pas uniquement par cette histoire d'espionnage.
Le scandale de l'espionnage a eu un impact important et immédiat sur leurs liens bilatéraux, mais la politique étrangère du Brésil, plus indépendante, a eu un impact encore plus grand, a indiqué Jose Luiz Fiori, enseignant d'économie politique internationale à l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
Il a fait savoir que le refroidissement des relations avec les Etats-Unis serait plut?t d? à la décision du Brésil d'entretenir des liens plus étroits avec ses voisins sud-américains et le BRICS, qui rassemble les cinq majeures économies émergentes du monde : le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.
"Je pense que la nouvelle position dirigeante du Brésil en Amérique du Sud et sa décision de ne pas automatiquement s'aligner avec les Etats-Unis au sein de la sphère internationale ont bien plus contribué au refroidissement de leurs relations bilatérales que la 'découverte' du fait évident que les Etats-Unis et toutes les puissances espionnent le gouvernement et les compagnies du Brésil", a ajouté M. Fiori.
Les réactions du Brésil aux deux événements majeurs de 2014 -- à savoir son silence quant à la crise ukrainienne et sa ferme condamnation de l'invasion de Gaza par Isra?l -- met en lumière sa politique étrangère plus indépendante, a-t-il noté.
Carlos Pinkusfeld Bastos, professeur d'économie lui aussi à l'Université fédérale, a indiqué que les liens économiques entre le Brésil et les Etats-Unis ont aussi changé, les rendant moins dépendants l'un de l'autre.
Les Etats-Unis ont perdu leur position de partenaire commercial le plus important du Brésil en 2009, cédant leur place à la Chine.
"Les Etats-Unis restent un partenaire important pour le Brésil. Cependant, leur importance a été grandement réduite ces 15 dernières années, et je ne vois aucune raison valable de penser qu'elle va de nouveau augmenter de manière substantielle", a précisé M. Bastos.