Il est "probable" que la France "conserve une présence" militaire au Mali après l'opération Serval, tandis qu'un contingent fort de 500 militaires européens sera mis en place prochainement à Bamako pour former les soldats maliens, a appris Xinhua de sources diplomatiques occidentales à Beijing.
Mercredi 6 mars, le président fran?ais Fran?ois Hollande a déclaré à Varsovie, la capitale polonaise, que son pays amorcerait le retrait des troupes du Mali dès le mois d'avril, mais que la "phase ultime" de l'intervention "allait durer encore tout le mois de mars".
Cette annonce du président s'est vue confirmée par les propos du ministre fran?ais de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a assuré le week-end dernier à Bamako que "d'ici trois semaines, si tout se passe comme prévu", "la sécurité globale" aura été rétablie dans le nord-est du Mali.
Le retrait des troupes fran?aises, fortes d'environ 4 000 hommes, suscite bien des interrogations, et l'annonce des dirigeants fran?ais a laissé place à des conjectures sur le maintien éventuel d'une présence militaire fran?aise au Mali après l'opération Serval.
Instructeurs européens encore au Mali pour 15 mois
Le retrait prévu des troupes fran?aises, qui s'accompagnera d'une prise en main de la situation par la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), devrait "prendre en compte la situation sur le terrain" selon les sources diplomatiques occidentales qui se sont exprimées sur le sujet à Beijing.
Pour la Misma, censée prendre complètement le relais à terme mais dont les capacités de combat sont jugées faibles par nombre d'experts, la sécurisation du pays est certainement un enjeu de taille, ce qui donne lieu à des rumeurs sur la présence militaire de la France au Mali une fois l'opération Serval terminée.
A ce sujet, nos sources diplomatiques occidentales révèlent que malgré le calendrier de retrait prévu, la France n'exclut pas la possibilité de maintenir des forces militaires après l'opération Serval. "Il est probable que la France conserve une présence [militaire], si cela est accepté par les autorités maliennes", indique un diplomate occidental en poste à Beijing qui est proche de ce dossier.
En outre, la France maintiendra une assistance dans le cadre de la Mission d'entra?nement de l'Union européenne au Mali (EUTM-Mali), opération lancée en février par l'UE prévoyant l'envoi de 500 instructeurs militaires européens à Bamako afin d'"aider le Mali à retrouver une armée normale, une armée souveraine", soulignent nos sources. "Parmi ces 500 personnes, il y a au moins 100 Fran?ais", précisent-elles.
Nos sources diplomatiques rappellent que le mandat initial de cette mission de l'UE est de 15 mois, mais ajoutent : "C'est le début, ensuite l'UE pourrait décider de prolonger".
L'EUTM compte actuellement au Mali 70 militaires européens, qui sont "commandés par un général fran?ais [Fran?ois Lecointre], qui va diriger la mission", et une vingtaine de pays européens, dont certains n'ont pas de relations diplomatiques avec le Mali, ont l'intention d'apporter une assistance à cette mission, ont encore précisé nos sources à Beijing.
Une conférence de donateurs prévue en avril à Bruxelles
A l'approche du retrait, au moins partiel, des forces fran?aises, certains experts font part des inquiétudes liées à la situation politique et à la sécurité au Mali après l'opération Serval : comment le Mali pourra-t-il sortir radicalement du conflit armé et sécuriser le pays ?
Le développement économique et social représente un "pilier" indispensable pour assurer la paix, la stabilité et la sécurité à long terme dans ce pays déchiré par le conflit, estiment les sources occidentales, qui soulignent que le Mali attend actuellement une assistance financière de la communauté internationale pour se développer.
Dans le but de mobiliser les partenaires pour soutenir le développement du Mali, l'UE organisera une grande conférence de donateurs au mois d'avril à Bruxelles, font savoir nos sources à Beijing, selon qui "c'est une occasion importante pour les pays qui croient dans l'avenir du Mali, et dans l'Afrique, de montrer pas seulement leur solidarité [...] mais aussi d'investir dans un pays qui ne demande qu'à se développer."
L'UE appelle tous les partenaires, dont la Chine, à prendre part activement à cette conférence, ajoutent nos sources. Sans faire savoir "à quel point la conférence sera ouverte", elles déclarent attendre "des contributions importantes des partenaires".
"La Chine est un partenaire du Mali depuis longtemps" et "il y a des attentes du peuple et du gouvernement du Mali en termes de coopération chinoise", soulignent ces diplomates à Beijing.
Le 29 janvier, une conférence de donateurs, organisée au siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie afin de financer les opérations militaires au Mali, a levé des fonds à hauteur de 455,53 millions de dollars (338,6 millions d'euros). De nombreux pays d'Afrique, des pays européens, les Etats-Unis ainsi que la Chine, entre autres, ont apporté leur concours financier.