Une bataille entre les créateurs de sacs à main fran?ais a éclaté en public vendredi lorsque l'Autorité des marchés financiers (AMF) a sollicité l'amende la plus élevée possible pour LVMH, le propriétaire de Louis Vuitton, pour avoir omis de révéler sa montée au capital d'Hermès.
L'affaire concerne une série de transactions rendues publiques pour la première fois en 2010 et réalisées par Bernard Arnault, propriétaire du groupe LVMH et première fortune de France, qui ont permis à sa société d'acquérir environ un cinquième des parts de son principal rival, le créateur des mythiques sacs à main Kelly et Birkin.
Bernard Arnault, qui a érigé le groupe LVMH en faisant l'acquisition de nombreuses marques au cours de la dernière décennie, prétend se contenter de rester actionnaire à long terme d'Hermès, alors que certains spécialistes du secteur le soup?onnent de jouer sur la longueur dans l'espoir de pouvoir un jour convaincre les propriétaires d'Hermès de lui vendre le reste des parts.
Ces derniers se défendent toutefois bec et ongles contre Arnault depuis qu'ils ont découvert que LVMH était parvenu à obtenir une participation initiale de 14%.
L'AMF a déclaré vendredi que la montée de LVHM au capital d'Hermès était obscure et constituait une faute grave, qui peut même être qualifiée de ? fraude à la loi ?.
LVMH, qui est aujourd'hui propriétaire d'Hermès à 22,6%, avait surpris les marchés financiers en octobre 2010 lorsqu'il avait annoncé qu'il détenait 14% du capital de son concurrent, en partie grace à des produits dérivés pour lesquels il n'était pas contraint de déclarer sa prise de participation.
L'AMF estime que LVMH aurait d? publier dans ses comptes l'ampleur de son exposition au capital d'Hermès via les produits financiers dérivés obtenus en 2008, et aurait d? signaler qu'il avait pris part au capital d'Hermès à raison de près de 5% lors de transactions conclues en 2001 et en 2002.
En France, les sociétés sont obligées de déclarer une prise de participation supérieure à 5, 10 et 15 pourcents dans le capital d'une autre société si celle-ci est cotée en bourse.
Hermès conteste également la montée de LVMH au capital de la société dans un procès séparé, au sein duquel les conclusions de l'AMF n'auront aucune influence.
Le montant de l'amende, 10 millions d'euros, est une bagatelle pour un groupe dont la capitalisation boursière est estimée à 70 milliards d'euros. La décision de l'Autorité des marchés financiers constitue néanmoins un fléchissement dans les relations publiques d'Arnault, qui détient quelques 60 marques de luxe.
Arnault est propriétaire de Louis Vuitton, la première marque du secteur du luxe en termes de chiffre d'affaires, ainsi que d'une série de producteurs de grands vins et alcools, dont le cognac Hennessy et le champagne Mo?t & Chandon.
Il semblerait que l'impressionnante croissance d'Hermès, dont la valeur des ventes annuelles est aujourd'hui de trois milliards d'euros, ait stimulé l'appétit de Bernard Arnault.