Les experts jugent que l'égalité sociale a été sacrifiée au profit de la croissance.
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Un indice qui surveille l'écart entre les riches et les pauvres a atteint ce que les spécialistes considèrent être un niveau alarmant pour la Chine.
Le coefficient de Gini a atteint 0,474 en Chine en 2012, soit supérieur au niveau d'alerte de 0,4 fixé par les Nations Unies, a expliqué vendredi, le Bureau national des statistiques (BNS).
Mais il y a encore des doutes à savoir si cet indice reflète exactement la disparité croissante sociale dans le pays.
Selon les données fournies par le bureau, le coefficient de Gini en Chine a progressivement reculé après un niveau record de 0,491 en 2008, a fait observer Ma Jiantang, un responsable des statistiques officielles du pays, lors d'une conférence de presse à Beijing.
Le coefficient de Gini varie de 0, ce qui représente une égalité parfaite, à 1, une inégalité absolue.
L'indice se situait à 0,473 en 2004, mais après la crise financière de 2008, il a progressivement diminué depuis son pic de 0.491 de cette même année. ?Depuis le gouvernement a pris des mesures pour apporter des avantages à sa population?, a déclaré Ma.
?Mais le coefficient de Gini en Chine, resté entre 0,47 et 0,49 au cours de la dernière décennie, est encore relativement élevé, ce qui indique que le pays doit accélérer sa réforme de répartition des revenus pour combler le fossé entre riches et pauvres?, a-t-il dit.
L’indice de Gini fourni par le BNS a présenté une tendance similaire à celui venant de la Banque mondiale, mais il était beaucoup plus faible par rapport au résultat d'une enquête privée publié en décembre par l'Université des Finances et de l'économie du sud-ouest de Chengdu, qui a établi le coefficient de Gini du pays à 0,61 en 2010, ce qui a suscité une énorme réaction parmi les internautes.
Commentant la disparité, M.Ma a estimé que les données officielles et celles des enquêtes privées font ?partie intégrante du système des statistiques que les enquêtes sérieuses privées devraient être un complément important pour les données du gouvernement?.
Le responsable a précisé que le chiffre officiel a été calculé en utilisant une nouvelle approche pour examiner les statistiques suivies depuis 2003.
Gan Li, chargé de la recherche à l'Université des Finances et de l'économie du sud-ouest, a déclaré sur son blog qu'il attendait les résultats du BNS pour publier les données originales derrière ses calculs.
Pour Cai Zhizhou, chercheur au Centre de Recherche national sur la comptabilité économique et la croissance économique de l'Université de Beijing, la recherche du BNS est crédible, car elle est en ligne avec les recherches de son centre. Et, qu’un rétrécissement de l'écart était le résultat du niveau de rémunération croissant des groupes à faible revenu .
Toutefois, ?Cela n’est pas forcément un chiffre très précis, car la plupart des résidents interrogés, en particulier les groupes à revenu plus élevé, peuvent ne pas révéler leur véritable revenu?.
Néanmoins, le chercheur admet un fait indéniable, le coefficient de Gini en Chine a augmenté de l'ordre de 0,3 dans les années 1980 par rapport au niveau actuel supérieur à 0,47.
?La Chine a sacrifié l'égalité sociale pour sa croissance économique et maintenant il est temps de faire plus d'efforts pour ramener un équilibre.
?Bien que les coefficients de Gini soient différents entre les villes et les zones rurales, ceux-ci ne doivent pas être aussi élevés, l’enjeu majeur est l'énorme fossé entre les revenus urbains et ruraux?, a souligné M.Cai.
Selon Ma Jiantang , les ménages urbains gagnent trois fois plus que les ménages ruraux et les groupes à revenu élevé gagnent quatre fois plus que les groupes à faible revenu.
Gan Li a déclaré cette inégalité était due à l'insuffisance du pouvoir d'achat en Chine et qu’une diminution de l'écart des rémunérations stimulerait la consommation et faciliterait la transformation économique en cours dans le pays.
La Chine a promis de doubler le PIB du pays et le revenu par habitant pour les résidents urbains et ruraux par rapport aux niveaux de 2010 d'ici 2020, selon un rapport publié l’année dernière à la suite du 18e Congrès national du Parti communiste chinois.
Mais Ma Jiantang pense que le doublement du PIB et du revenu par habitant ne sont pas suffisants.
?Le pays devrait plus s’impliquer quant à la répartition des gains et veiller que les résidents qui ont un revenu faible ou moyen se développent plus rapidement?.