Dernière mise à jour à 08h44 le 27/03
En Occident, certains sont enclins à décrire les relations entre Beijing et Moscou en utilisant le terme géopolitique traditionnel d'"alliés". Cette évaluation est erronée.
Les relations bilatérales entre la Chine et la Russie diffèrent du type d'alliance militaro-politique de l'époque de la Guerre froide. Au contraire, les deux pays transcendent un tel modèle de relations d'Etat à Etat, adoptant une approche de non-alignement, de non-confrontation et de non-hostilité envers une tierce partie, selon une déclaration conjointe signée et publiée par le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine, mardi à Moscou.
Avec le développement constant des liens bilatéraux ces dernières années, les deux pays ont donné un bel exemple de développement d'un nouveau modèle de relations entre grands pays, caractérisé par le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération mutuellement bénéfique.
Mais pourquoi Beijing et Moscou, qui ont noué un partenariat stratégique global de coordination pour une nouvelle ère, choisissent-ils de ne pas devenir alliés ?
UN PRINCIPE FONDAMENTAL DANS UNE NOUVELLE ERE
Le non-alignement est l'un des principes fondamentaux de la diplomatie chinoise et une expérience précieuse tirée de l'histoire.
Pendant la Guerre froide, le monde était divisé entre deux camps idéologiques qui se disputaient la suprématie mondiale. Plusieurs pays n'ont eu d'autre choix que de choisir leur camp.
Depuis la fin de la Guerre froide, la plupart des pays donnent la priorité aux relations amicales et au développement dans un environnement pacifique. La Chine n'est pas différente.
La diplomatie chinoise suit la voie de non-alignement, de non-confrontation et de non-prise pour cible d'une tierce partie.
Le non-alignement est à la fois le noyau et une prémisse essentielle, démontrant l'indépendance de la Chine dans l'élaboration de ses politiques et son refus de s'attacher ou de se soumettre à d'autres. La Chine ne s'allie à aucun pays, y compris la Russie.
Pour rappel, ces principes sont inscrits dans le Traité de bon voisinage et de coopération amicale entre la Chine et la Russie, signé en 2001. Ce pacte, qui sert de ligne directrice fondamentale pour les relations entre la Chine et la Russie, est juridiquement contraignant et rend impossible la formation d'une alliance entre les deux pays.
Dans divers communiqués officiels conjoints faits par les deux parties au fil des ans, la Chine et la Russie ont affirmé à plusieurs reprises que leur relation n'était pas une alliance et qu'elle ne viserait aucun pays tiers.
DIRE NON A LA CONFRONTATION DES BLOCS
La nature des alliances du type de l'époque de la Guerre froide signifie que ceux qui choisissent de s'allier doivent assumer certaines obligations les uns envers les autres.
Les membres de l'alliance peuvent temporairement se sentir en sécurité sous un "parapluie". Cependant, ils risquent fort d'être confrontés à d'autres adversaires, car des pays étrangers pourraient établir leurs propres alliances ou prendre des mesures drastiques en réponse.
Cependant, lorsqu'un pays est menacé ou agressé, ses alliés doivent lui venir en aide. Une telle relation lie les pays entre eux, faisant de vos ennemis les miens et de mes adversaires les v?tres.
Les alliances présentent le risque d'une confrontation en bloc, voire d'une guerre chaude, qui plongerait le monde dans le chaos. La Chine et la Russie ont bien compris ce danger potentiel.
Lors de sa rencontre avec M. Poutine à l'issue de leur entretien mardi, M. Xi a souligné que dans les nouvelles circonstances historiques, les deux parties envisageraient et géreraient les relations Chine-Russie avec une vision large et une perspective à long terme, dans le but de contribuer davantage au progrès de l'humanité.
Dans la déclaration conjointe sur l'approfondissement du partenariat stratégique global de coordination entre la Chine et la Russie, les deux parties ont réaffirmé leur opposition à toutes les formes d'hégémonisme, d'unilatéralisme, de politique de puissance, de mentalité de Guerre froide et de confrontation des blocs.
Face à des changements profonds rarement vus depuis un siècle, la Chine a toujours activement défendu l'édification d'un nouveau type de relations internationales fondées sur le respect mutuel, l'équité, la justice et la coopération mutuellement bénéfique, ainsi que d'une communauté de destin pour l'humanité.
Le fait d'être allié peut également nuire à la crédibilité nationale et rendre difficile la flexibilité dans les affaires internationales. Si la Chine était un allié de la Russie, elle ne pourrait pas rester neutre sur la question de l'Ukraine, et encore moins promouvoir des pourparlers de paix.
Dans une certaine mesure, les tentatives des Etats-Unis de maintenir leur hégémonie et de contenir le développement d'autres pays ont rapproché la Chine et la Russie.
La Chine et la Russie sont déterminées à respecter leurs aspirations initiales, à savoir être de bons voisins, de bons amis et de bons partenaires, afin d'apporter des avantages à leurs peuples par le biais d'une coopération mutuellement bénéfique.