Dernière mise à jour à 09h32 le 04/09
La Chine, qui accueille le sommet du G20 dimanche et lundi, doit peser de tout son poids pour arracher un consensus sur le climat, le terrorisme et une aide appropriée en faveur des pays africains, estime Doudjindingao Antoine, enseignant-chercheur en Sciences économiques et de gestion à l'Université de N'Djaména, lors d'une interview accordée à Xinhua.
"L'héritage le plus important serait l'accord sur le climat. Le deuxième héritage serait une entente entre Américains et Russes dans la lutte contre le terrorisme et l'Etat islamique. Le dernier héritage doit concernerait l'aide à
l'Afrique", a-t-il affirmé en répondant à la question de savoir quels héritages le sommet doit laisser.
"Les pays du G20 doivent porter une attention particulière à l'Afrique qui conna?t des crises politico-militaires, des conflits sociaux, des crises économiques. Le continent n'a pas eu des soutiens appropriés de ces pays qui, face à la crise syrienne et aux flux migratoires provoqués, ont réduit leurs aides à l'endroit des pays africains", a-t-il indiqué.
Les pays du G20 sont également attendus sur le financement de la lutte contre le terrorisme, affrimé le Dr Doudjindingao Antoine, invitant la Chine à faire des efforts et à apporter son appui financier et technique aux pays africains comme le Tchad, "un pays pauvre mais qui est obligé de mettre une grande partie de ses ressources dans la lutte contre Boko Haram".
"Du G20, nous attendons également le financement des investissements directs étrangers ou l'intervention directe dans les économies en termes de stimulation de la demande locale, mais aussi aider les pays à mettre en place des dispositifs industriels pour transformer leurs produits sur place. Si nous avions les moyens de le faire, la crise économique actuelle ne nous aurait pas frappés aussi durement", a-t-il souligné.
Le Dr Doudjindingao Antoine a proposé que les géants comme la Chine, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, privilégient le transfert des compétences et des technologies vers l'Afrique.
"Ils doivent notamment soutenir les tissus industriels et les opérateurs économiques africains, favoriser l' installation des grandes usines dans un certain nombre de secteurs où l'Afrique a beaucoup d' atouts en termes de matières premières. Pourquoi ne pas aider à avoir des consortiums d' entreprises, des joint-ventures avec les entreprises locales comme la Chine a fait avec le Tchad dans l'industrie pétrolière en aidant à créer une raffinerie en 2011? Pourquoi les pays du G20 n' osent-ils pas favoriser ce genre d'actions en faveur de l'Afrique? Les crises politico-militaires, le problème de l' immigration et les crises économiques sont liés à la pauvreté; et la pauvreté ne sera pas combattue par des actions ponctuelles de philanthropie qui, pour la plupart, ne profitent pas véritablement aux populations africaines", a-t-il déclaré.
Le Dr Doudjindingao Antoine a invité les pays du G20, qui ont des réseaux bancaires solides, à prendre des décisions appropriées pour aider les pays en voie de développement. "L'Afrique a besoin des moyens techniques et financiers pour mettre en place des mécanismes de production et de transformation de ses matières premières et se mettre dans le même tunnel d'exportation et d' importation que les pays du G20", a-t-il affirmé.
A la question concernant le r?le que la Chine peut jouer pour atteindre un consensus du sommet, le Dr Doudjindingao Antoine a exhorté la Chine à "peser de tout son poids pour amener la Russie et les Etats-Unis à s'entendre sur le dossier ukrainien et sur le dossier syrien".
"Il y a également l' accord sur le climat que les Etats-Unis rechignent à signer. Il n'est pas normal que certains pays même très peu industrialisés, soient astreints à des conventions pour protéger la planète, et que les Etats-Unis ne veuillent pas mettre la main à la pate. La Chine est donc interpellée sur cette question", a-t-il dit.