Dernière mise à jour à 09h05 le 06/06
1/3Eposi Njoh Monyengi fixe un panneau solaire sur le toit d'une maison à Tiko, au Cameroun, le 24 mai 2022. (Kepseu/Xinhua)
2/3Eposi Njoh Monyengi présente les outils utilisés pour installer des panneaux solaires à des femmes dans son atelier à Tiko, au Cameroun, le 24 mai 2022. (Kepseu/Xinhua)
3/3Eposi Njoh Monyengi et son équipe en route pour installer un panneau solaire à Tiko, au Cameroun, le 24 mai 2022. (Kepseu/Xinhua)
Le soleil brillait d'un ciel sans nuages dans un quartier tranquille et boisé de Tiko, une commune dans la région camerounaise du Sud-Ouest. Eposi Njoh Monyengi était occupée au travail.
En moins d'une heure, elle a installé avec succès un panneau solaire sur un toit.
Il est devenu une passion pour Mme Monyengi, 44 ans, de fournir de l'énergie renouvelable aux communautés éloignées à travers le Cameroun.
"Mon but principal est d'éclairer la communauté", a indiqué la mère de trois enfants, la première femme à installer et à entretenir des panneaux solaires dans sa communauté.
A Tiko, elle a obtenu le respect pour son travail et est affectueusement appelée "Maman solaire".
En 2019, avec l'aide de Rural Women Development Project, une organisation locale non gouvernementale, "Maman solaire" s'est rendue en Inde, où elle a étudié l'installation et l'entretien de panneaux solaires pendant six mois.
Depuis son retour au Cameroun, elle a installé des panneaux solaires dans plus de 200 foyers, affectant plus de 600 personnes.
Le travail de Mme Monyengi a inspiré et suscité l'espoir parmi ses voisins, ses amis et sa famille à Ombe, son village natal aussi connu sous le nom de Bamukong, à la périphérie de Tiko.
L'ESPOIR ENSOLEILLE
Pendant plus de 50 ans, le village d'environ 400 habitants ne disposait pas d'électricité.
En mai de l'année dernière, Mme Monyengi avait pris une moto pour se rendre sur les rives de la rivière Ombe, puis avait traversé la rivière en pirogue pour atteindre le village reculé.
En trois mois, elle avait installé des panneaux solaires dans 54 foyers.
Lorsque les journalistes de Xinhua visitaient le village, celui-ci était plein de vie et d'énergie, et on entendait de la musique dans les bars de la communauté agricole.
"Nous sommes très heureux", a dit Ignatius Tamala, qui est nommé par "Maman solaire" président du comité solaire du village.
"Les enfants étudient bien, jusqu'à 10 ou 11 heures du soir " a fait savoir le père de 47 ans avec cinq enfants, ajoutant qu'ils "étudient très bien parce qu'il y a du courant".
Alors que le soleil s'est couché et que l'obscurité a commencé à tomber sur le village, Gladys Fienyam, agée de 49 ans, a allumé son ampoule solaire et commencé à griller du poisson. Elle vend du poisson depuis huit ans.
Il y a peu de temps, la tombée de la nuit l'a forcée à arrêter de travailler, mais maintenant Mme Fienyam peut griller du poisson aussi longtemps qu'elle le veut.
"Je suis extrêmement heureuse. Je n'utilise plus de torche. J'ai plus de clients maintenant et surtout grace à la lumière", a-t-elle expliqué.
Dans tout le Tiko, les villageois ont déclaré que leur niveau de vie s'était depuis considérablement amélioré grace à l'accès à l'énergie solaire.
La réussite de "Maman solaire" est un coup de fouet à la lutte contre le changement climatique qui a fait des ravages sur les moyens de subsistance des populations, en particulier en Afrique où les sécheresses, les précipitations erratiques et les inondations sont devenues plus fréquentes.
Depuis 2015, le Cameroun a donné aux énergies renouvelables une priorité, surtout pour l'électrification rurale.
EMPOUVOIREMENT DES FEMMES
Mais le projet ne se limite pas à l'énergie verte.
Mme Monyengi s'est fait un devoir de former plus de "mamans solaires".
"Quand on donne du pouvoir aux femmes, on donne du pouvoir à toute une nation", a-t-elle souligné. "Quand les gens me voient, ils sont si excités de voir une femme parce que toutes les femmes ne peuvent pas le faire. C'est leur bonheur qui m'encourage à faire plus pour eux", a-t-elle ajouté.
Après avoir perdu son emploi en tant que travailleuse dans une plantation, Cecilia Otto, 55 ans, a été faible d'esprit et a commencé à lutter pour gagner sa vie en tant que fermière.
"'Maman solaire' m'a convaincue que je devais apprendre à installer des panneaux solaires", a rappelé la mère de cinq enfants. "J'étais réticente au début mais j'ai finalement accepté. Aujourd'hui, je suis heureuse de l'avoir fait".
Mme Otto fait partie de plus de 50 femmes formées par "Maman solaire" pour installer et entretenir des panneaux solaires dans les communautés rurales. Elle accompagne maintenant régulièrement Mme Monyengi pour installer les panneaux.
Elles ont également été rejointes par Joan Nkweti, une fonctionnaire à la retraite et veuve avec quatre enfants.
"Quand j'ai entendu parler d'installation solaire, j'étais tellement intéressée parce que ?a me fait exercer ce que je voulais vraiment faire pendant ma jeunesse", a-t-elle déclaré.
Mme Nkweti s'est dit "si heureuse d'avoir accompli quelque chose à cet age". "Je peux aller installer des panneaux solaires sans l'aide d'autrui, parce que la formation vous a appris ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire", a-t-elle ajouté.
Alors que le monde observe la Journée mondiale de l'environnement, Mme Monyengi espère que le gouvernement et les ONG internationales l'aideront à étendre le projet à d'autres communautés.