? Sans paix, aucun progrès n'est envisageable. Sans un minimum de sécurité des personnes et de leurs biens, tout développement est hypothétique. Cela est d'autant plus inacceptable lorsque la rupture de la paix est le fait d'une agression extérieure. C'est la triste histoire récente de mon pays ?.
C'est par ces mots que le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a abordé mercredi la situation dans son pays, où est déployé la plus vaste opération de maintien de la paix au monde et où sévit une des pires crises humanitaires actuelles, sur fond de violences perpétrées par des groupes rebelles armés dans les provinces de l'est : rien qu'au cours de l'année écoulée, les combats dans la région ont contribué au déplacement de plus de 100.000 congolais, aggravant une crise alimentaire qui touche 6,4 millions de personnes, dont 2,6 millions de déplacés.
? Il est à ce sujet important de rappeler une double réalité, souvent méconnue ou occultée, à savoir : que c'est pour avoir posé un acte de solidarité en accueillant sur son territoire des refugiés originaires du Rwanda, que les populations congolaises de l'est de mon pays sont privées de paix, [..], l'épisode le plus récent de cette tragédie sans fin étant celui de ces femmes et enfants de Goma, aplatis sous les bombes au mois de juillet dernier ?, a lancé le chef de l'état congolais.
Selon lui, il y a lieu de se demander ce qu'il resterait du droit international humanitaire ? si accueillir des réfugiés en détresse, acte humanitaire par excellence, devait désormais être considéré suffisant pour justifier des agressions sans fin de la part du pays dont lesdits réfugiés sont originaires ?.
Le Rwanda est régulièrement mis en cause pour armer et financer le M23 et d'autres groupes armés opérant dans l'est de la RDC voisine, accusations que Kigali a toujours catégoriquement rejetées.
Les récents bombardements de Mutaho et de Goma sont d'autant plus condamnables, a poursuivi le président Kabila, qu'ils ont été perpétrés alors que son gouvernement était en train de mettre en oeuvre la feuille de route prévue par l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, y compris les pourparlers avec le groupe armé auteur des bombardements, faisant allusion au M23.
Signé en février 2013 par la RDC et dix autres pays de la région, dont le Rwanda, ainsi que par quatre organisations régionales et internationales, l'Accord-cadre propose une approche globale pour une paix durable dans les Grands Lacs.
Quant au Mouvement du 23 mars (M23), il est issu du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une rébellion qui avait signé un accord de paix avec le gouvernement congolais en mars 2009. Les rebelles du CNDP ont été intégrés dans l'armée congolaise avant qu'ils ne se mutinent et ne fassent sécession en avril 2012 au Nord-Kivu. Ils réclamaient dans un premier temps l'amélioration de leurs conditions de vie, puis la pleine application de l'accord de mars 2009, avant de remettre en cause la légitimité des autorités congolaises. En novembre 2012, ils se sont emparés de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, avant de s'en retirer.
Le président Kabila a cependant réaffirmé devant l'Assemblée générale sa détermination à s'acquitter de tous les engagements souscrits au titre de cet Accord-cadre. C'est dans cette optique que son gouvernement a d'ores et déjà mis en place un mécanisme national de suivi de la mise en oeuvre de ces engagements et entrepris d'accélérer la réforme du secteur de la sécurité ainsi que la décentralisation, enjeu crucial pour le plus vaste pays d'Afrique subsaharienne.
En outre, la RDC, a précisé son dirigeant, a assaini ses finances publiques et restructuré sa Commission électorale nationale indépendante, à l'approche de plusieurs échéances – locales, municipales, provinciales et sénatoriales. Enfin, il a fait valoir la tenue, depuis le 7 septembre, de concertations à l'appui de la cohésion nationale.
Au-delà de ces efforts, l'avènement d'une paix durable dans la région dépend de deux conditions majeures, a estimé Joseph Kabila : la fin de l'impunité sous toutes ses formes d'une part, et la mise en oeuvre diligente par les autres signataires des engagements qui leurs incombent au titre de l'Accord-cadre d'autre part.
? Aussi, une fois de plus, mon pays lance-t-il un appel pressant à notre Organisation pour traiter tous les états membres avec la même rigueur et exiger de chacun le strict respect des principes de la Charte des Nations Unies ?, a souligné M. Kabila.
? Dénoncer la violation de ces principes est certes une bonne chose ; mais sanctionner ceux qui les violent est de loin meilleur. Surtout quand la violation est établie, persistante et répétitive ?, a insisté en conclusion le Président de la RDC.