La publication mardi dernier de la liste du gouvernement d'union nationale par le président nigérien Mahamadou Issoufou a semé la discorde au sein de la classe politique et continue de susciter beaucoup de commentaires chez les citoyens.
En rappel, le chef de l'Etat nigérien, après plus de deux mois de négociations avec les partis politiques, notamment ceux de l'opposition, a formé, mardi dernier, un nouveau gouvernement de large ouverture dont la liste comprend plusieurs membres du principal parti de l'opposition, le MNSD, alors même qu'il avait décliné l'offre du président d'y participer.
De même, le parti de l'ancien président de la République Tandja Mamadou (renversé par les militaires en février 2010) a attiré l'attention de tous ses militants au "respect scrupuleux de la présente décision et toute autre attitude contraire n'engage que son auteur".
Cependant, la publication par le président Issoufou du nouveau gouvernement avant même que les discutions sur les préalables n'aient été achevées a été mal accueillie par le bureau politique du MNSD qui l'a accusé de "mauvaise foi" et de "manipulation".
Les partis de l'opposition politique réunis au sein de l'Alliance pour la Réconciliation nationale (ARN), ont, par conséquent, tenu à réaffirmer "leur appartenance à l'opposition et entendent continuer à jouer pleinement leur r?le voulu et souhaité par le peuple nigérien".
Le président du MNSD, M. Seyni Oumarou, a invité ces militants "trompés" à quitter leurs postes ministériels pour regagner le parti.
Réagissant à ces propos, le président par intérim du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS, au pouvoir), M. Mohamed Bazoum, a récusé totalement que son parti soit responsable de la division au sein du MNSD.
"Nous n'avons trahi personne. C'est de l'autre coté qu'il faut regarder. C'est soit de la faute du président du MNSD Seyni Oumarou ou de la faute des autres", a-t-il indiqué.
"C'est en toute franchise, c'est en toute sincérité que nous avons discuté avec le MNSD", a tenu à rassurer Bazoum Mohamed.
Samedi, c'est au tour du Mouvement démocratique nigérien pour une Fédération africaine (MODEN/FA Lumana-Africa) du président de l' Assemblée nationale du Niger Hama Amadou, principal allié du régime du président nigérien Mahamadou Issoufou, de retirer ses ministres nommés dans le dernier gouvernement, "jusqu' à nouvel ordre".
Il faut souligner que ce gouvernement d'union nationale comprend 36 membres dont huit ministres du MODEN.
Le bureau politique national du parti, à justifié sa décision par le fait que "le président de la République ait nommé ses ministres sans consulter son président et sans prise en compte de ses intérêts politiques".
Après les négociations entre le président Issoufou et les leaders de l' opposition, "le MODEN/FA Lumana-Africa attendait donc tout naturellement, en sa qualité d' allié principal d' être enfin informé des résultats de ces négociations et des conséquences qui en résulteraient pour tous les partis membres de la mouvance présidentielle, dont le soutien au 2ème tour des élections ont permis au président de la République d' accéder au pouvoir. Rien n'a été fait dans ce sens", précise le communiqué.
Il se dit prêt "à discuter et négocier les termes d'une participation au gouvernement conforme à son poids politique et au r?le éminent qu'il a eu à jouer au second tour des élections, dans le respect, la courtoise et la concertation."
Réunion, dimanche, suite à la décision du MODEN, le bureau politique national du PNDS considère "qu'en vertu de la Constitution nigérienne, la nomination du gouvernement est un pourvoir propre du président de la République et ne saurait être partagé".
Il a appelé le MODEN "à reconsidérer sa position, ce faisant il ferait preuve de responsabilité pour l'intérêt supérieur de la nation".
Pour rappeler, c'est le MODEN/FA LUMANA, dont le candidat, M. Hama Amadou, arrivé en 3ème position au premier tour des élections présidentielles en 2011, avait apporté son soutien à Mahamadou Issoufou, au second tour, qui constitue avec le Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS) les deux principales forces de la mouvance présidentielle.
D'autre part, le collectif des organisations de défense des droits des femmes proteste contre la régression de 25% à 13% du quota des femmes dans le nouveau gouvernement. Par conséquent, il interpelle les autorités actuelles à fournir plus d'efforts en vue de la prise en compte du genre mais surtout en matière de respect de la loi.
En effet, a fait remarquer le collectif, la nouvelle équipe compte seulement 5 femmes, autant que l'ancienne, mais qui avait moins de ministres (27).
Pour certains citoyens, ce gouvernent dit "d'union nationale" est jugé pléthorique (36 membres) et risque de créer plus d'instabilité politique qu'il n'en a trouvée.