La célébration de l'A?d-el-fitr prévue pour le jeudi prochain, est une source de préoccupation pour de nombreux ménages guinéens, car cela rime avec des dépenses énormes, en ces temps de vaches maigres.
Le constat est patent dans la capitale, où les marchés ont commencé à faire le plein, avec une clientèle qui porte plus son intérêt sur les magasins offrant des produits pour enfants.
Car cette fête est une occasion pour les parents d'offrir des cadeaux à leurs enfants, et d'organiser des repas auxquels seront conviés des proches et amis, en plus de la maisonnée.
On le voit donc, tout en se réjouissant d'avoir entamé, la dernière ligne droite du mois de je?ne, les fidèles musulmans de Guinée, préparent non sans inquiétude en même temps l'Aid-el-fitr.
Inquiétude provoquée par la hausse des prix sur les marchés. Cette période constitue en effet un moment de traite pour la plupart des commer?ants, qui voient leur chiffre d'affaires doubler.
Profitant pleinement de cette aubaine qu'est cette période de ramadan, durant laquelle les ménages revoient à la hausse leur niveau de consommation.
Et c'est pour prévenir ce genre de situation que le gouvernement guinéen s'était porté au secours du panier de la ménagère, à la veille du mois de je?ne, à travers une sensibilisation des opérateurs économiques, afin de les amener à ne pas gonfler les prix les denrées alimentaires.
Promesse avait été faite par les deux parties à travailler en synergie, pour éviter que les ménages ne se retrouvent sous le coup d'une spirale des prix.
Mais la parole ne semble pas avoir été tenue au niveau de certains magasins, où les prix n'ont quasiment pas baissé. C'est du moins ce qui ressort de constats faits sur certains marchés de la ville.
Ainsi le sac de riz de 50 kilogrammes, qui constitue la denrée de base de la population vendu officiellement à 180 mille francs guinéens soit 18 euros se retrouve à plus de 200 mille francs guinéens soit près de 20 euros, au niveau de la plupart des commerces.
Le bidon d'huile d'arachide de 20 litres qui devait être livré à moins de 300 mille francs guinéens est vendu lui à 380 mille francs guinéens soit 380 euros.
Le kilogramme de viande qui est censé être vendu à 28 mille francs guinéens soit 28 euros est toujours vendu à 30 voire 32 mille francs guinéens, soit plus de 30 euros.
Ces exemples illustrent la nervosité des marchés en ces temps qui courent. De quoi donner du tournis aux parents en proie à la paupérisation.
Comme Koné Mamady, enseignant de profession, dans la commune de Matam, en vacances et père de 3 enfants. Avec l'approche de l'Aid-el-fitr, ce chef de famille est sous pression.
"Je dois acheter des habits pour mes enfants et Madame aussi exige une tenue de fête. Ce qui nécessite un budget de plus de 2 millions de francs guinéens soit plus de 200 euros", explique notre interlocuteur, avec une voix pleine d'amertume.
Koné Mamady espère toutefois trouver solution à son problème grace à un crédit bancaire, accordé dans le cadre de la rentrée scolaire prévue dans deux mois.
"Avec ce prêt bancaire, je pourrai offrir des cadeaux à ma famille, tout en ayant à l'idée que le plus difficile reste aussi à venir, avec l'achat de fournitures auquel il faudra faire fasse, en septembre", explique Koné Mamady.
Ibrahima Sory Bah, dipl?mé d'une école professionnelle en ch?mage, se fait aussi des soucis pour la fête à venir. Car n'ayant pas les moyens de subvenir aux besoins de sa famille. Ce père de famille survit en effet grace au petit commerce que fait son épouse.
Le couple habite un deux-pièces et élève deux enfants, à qui il faudra trouver des cadeaux, pour la célébration de la fête de ramadan.
Le père reste pessimiste, à cause de son état de dipl?mé en ch?mage.
"Il va falloir implorer la grace divine, pour s'en sortir. Et cela ne sera pas du tout aisé. Mon épouse fait de son mieux pour assurer les besoins essentiels de la famille, en attendant que je puisse trouver du travail. Je ne pourrai lui en tenir rigueur, si elle peine à trouver des habits de fête pour nos deux enfants", souligne Ibrahima Sory Bah.
A entendre ces deux interlocuteurs, on a l'impression que c'est un sort commun qui est réservé à ceux qui tirent le diable par la queue,dans cet environnement marqué par la cherté de vie. Ce qui augurerait une fête de ramadan "difficile'' pour de nombreux ménages.