L'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) a présenté un plan d'urgence pour relancer l'économie tunisienne sur la base de la reconquête des investisseurs et des clients.
Ce plan d'urgence, avancé en marge de son initiative de dialogue national sur l'économie démarré samedi à Tunis, exige l' obligation de garantir la pérennité de l'approvisionnement, d' importation et d'exportation, la pénalisation de tous actes entravant ces activités, retrouver une note souveraine meilleure, favoriser la qualité des services publics, opter pour un discours économique responsable et simplifié, d'après le vice-président de l'UTICA, Hichem Elloumi.
Il s'agit également de synchroniser la croissance économique et les salaires dans le but d'éviter l'inflation et éviter la détérioration du pouvoir d'achat du citoyen et un éventuel appauvrissement des entreprises et la baisse de la valeur du dinar tunisien.
Bien que l'inflation s'est quasiment stabilisée à 6,4% en avril 2013 contre 6,5% en mars 2013 et 5,8% en février 2013 se référant aux derniers officiels, certains experts tunisiens réalisaient que le dinar tunisien connait actuellement le plus bas niveau face à l' euro et au dollar américain, principales monnaies d'échanges en Tunisie.
Au cours de la semaine écoulée, l'euro est changé à 2,144 dinars et le dollar américain à 1,63 dinar.
Pour faire face à cette dévalorisation de la monnaie tunisienne, le ministre délégué auprès du Premier ministre tunisien chargé des affaires économiques Ridha Sa?di a annoncé dimanche la convocation lundi 13 mai 2013 d'une réunion urgente dédiée à l'examen des mesures à prendre pour organiser les grandes opérations économiques en Tunisie.
En marge de son dialogue nationale sur l'économie, la centrale patronale tunisienne a averti les autorités de tutelle quant à la délicatesse de la conjoncture économique et financière de la Tunisie. Et d'appeler à mettre un terme aux débordements d'ordre social, appuyer les entreprises sinistrées depuis la révolution du 14 janvier 2011 pour ainsi ancrer une prise de conscience sur les risques de l'économie parallèle.
La Tunisie est désormais confrontée à quatre défis majeurs à savoir l'éradication de la pauvreté, la résolution des problèmes liés à la caisse de compensation, la promotion des exportations ainsi que l'investissement dans l'intelligence et le savoir-faire, selon Ahmed Karam, un responsable au sein de l'une des banques tunisiennes.Parole aux experts: un constat économique alarmant
Economiste et universitaire tunisien, Elyes Jouini a estimé que la situation économique de son pays demeure "alarmante".
Selon lui, l'état des lieux actuel de la Tunisie fait apparaitre plus de 700 mille ch?meurs dont 70% agés de moins de 30 ans et dont le un tiers ayant des dipl?mes de l'enseignement supérieur.
"Depuis 2011, ces taux ne font que s'amplifier davantage" à même de "constituer un point de départ pour des tensions économique et sociale", a averti M. Jouini dans une déclaration à l'une des radios privées tunisiennes spécialisées dans les affaires économiques.
De plus en plus, a-t-il commenté, "le déficit budgétaire et le ch?mage augmentent, l'inflation est importante et le peuple refusele rendement des politiciens qui focalisent plus sur le texte juridique constitutionnel au détriment des problèmes sociaux et économiques du pays qui attendent des résolutions".
Certains observateurs et rapports médiatiques locaux imputaient la dégradation économique de la Tunisie aux engagements faites par les deux gouvernements qui se sont succédés après la révolution du 14 janvier 2011.
"Il s'agit d'un faux débat et un mauvais procès", estime M. Jouini qui était l'un des ministres du premier gouvernement post- révolution chargé de la réforme sociale et économique.
Alors que le premier cabinet avait exercé pour un mandat assez limité (environ un mois), a expliqué M. Jouini, le deuxième gouvernement de Béji Ca?d Essebsi (dont le mandat s'achevait avec les élections du 23 octobre 2011) " négociait à l'international des lignes de crédits et des possibilités de soutien en faveur de la Tunisie" notamment dans le cadre du partenariat de Deauville en France.
Faute de légitimité, a-t-il ajouté, ce deuxième gouvernement n' avait pas parachevé le processus de ses engagements laissant au nouveau cabinet gouvernemental du Premier ministre Hamadi Jebali, issu de l'Assemblée constituante, de "transformer ces engagements en réalité".
Etant l'un des organismes les mieux placés pour détecter les problèmes économiques en Tunisie et en proposer des solutions, la centrale patronale (UTICA) a déjà préparé fin 2012 un document baptisé "Vision Tunisie 2020" se voulant un éclaireur parti en reconnaissance pour observer et recueillir les outils et mécanismes capables de développer l'économie tunisienne à l' horizon 2020.
Cinq objectifs ont été identifiés dans ce sens à savoir la valorisation de la notion du travail, la mise en place d'un nouveau système fiscal, la réorganisation des relations de travail, le développement d'une économie tirée par l'innovation et la déclaration d'un état d'urgence économique. Chaque objectif doit être accompagné d'un plan d'action clair s'étalant sur la période 2013-2020.