Cause intérieure : la non-prise en compte de l'impact de la montée en puissance de la Chine à l'étranger
Lors de sa visite en Chine en septembre 2012, le premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a prononcé ces mots significatifs : ? La Chine se voit comme un pays en développement et elle est bien consciente des problèmes, défis et lacunes auxquels elle est confrontée. Mais d'autres pays la voient comme un pays puissant disposant de grands moyens et tiennent de plus en plus compte de cette nouvelle variable dans leur prise de décision. La Chine n'est peut-être pas consciente de la puissance qu'elle dégage aux yeux d'autres pays. Cette différence d'appréciation est à l'origine de malentendus. Il faut donc s'efforcer d'en tenir compte. ? Cette déclaration souligne bien comment les pays voisins de la Chine sont inquiets face à sa rapide montée en puissance et ne sont pas prêts mentalement à intégrer ce changement. Si cette dernière ne peut pas se mettre à la place des petits pays pour comprendre leur anxiété, elle réagira trop facilement par l'émotion et entretiendra des griefs et de la colère. Cela est défavorable à la résolution définitive des problèmes. Les pays autres que la Chine la voient souvent du point de vue de l'envergure et de la puissance globale, tandis que les élites politiques chinoises sont habituées à voir la Chine d'abord sous l'angle du ? revenu moyen ?, comme un pays où subsistent des disparités régionales importantes. Ils voient plut?t les problèmes et les lacunes. Bien que cette modestie contribue à améliorer la gouvernance nationale, elle sous-estime inconsciemment l'anxiété du monde extérieur par rapport au développement de la Chine. Par conséquent, certaines choses que les Chinois trouvent normales mettent souvent à rude épreuve les nerfs sensibles des pays voisins, comme la carte incluse dans les nouveaux passeports chinois qui a suscité des protestations en cha?ne des pays concernés. En 2012, la Chine a effectué, parmi d'autres réalisations, le lancement de son vaisseau spatial habité Shenzhou-IX, la première plongée d'essai à 7 000 mètres de profondeur du submersible Jiaolong et la mise en service de son premier porte-avions duquel des chasseurs J-15 ont décolé pour la première fois à titre d'essai. La vitesse de sa modernisation militaire a dépassé même les prévisions nationales. La Chine ne devrait agir qu'en sachant les énormes effets externes qu'elle va produire. Le ? retour ? des états-Unis en Asie-Pacifique a été salué chaleureusement, en apparence du moins, par leurs alliés traditionnels et par les pays de l'ASEAN. Mais la vérité est que ces pays ont ? besoin ? des états-Unis. Ils n'agissent pas par amour ! Ils ont besoin des états-Unis comme agent de sécurité pour contrebalancer l'influence de la Chine, mais ne veulent pas être dirigés par eux ni basculer dans leur camp. Ces pays ont une attitude ambigu? face à la montée de la Chine : ils veulent récolter des dividendes économiques mais craignent de subir son influence. Ils espèrent encore pouvoir réaliser un ? double profit ? en tirant profit à la fois de leur relation avec la Chine et avec les états-Unis. En 2012, alors que les états-Unis ont renforcé leurs relations avec les pays de l'ASEAN, la Chine et l'ASEAN ont intensifié leur coopération dans tous les domaines en profitant du 10e anniversaire de la signature de l'accord-cadre de coopération économique globale Chine-ASEAN, de sorte que le partenariat stratégique s'est encore approfondi et a donné des fruits abondants. Sur le plan politique, le nombre de visites au dessus du niveau des vice-premiers ministres s'est élevé à plus de 50. Sur le plan diplomatique, la Chine a ouvert une mission auprès de l'ASEAN à Jakarta. Sur le plan militaire, le ministre de la Défense Liang Guanglie a participé à une réunion de consultations des ministres de la Défense de Chine et des pays de l'ASEAN à Phnom Penh. Sur le plan économique enfin, la Chine est devenue pour la troisième année consécutive le plus grand partenaire commercial de l'ASEAN, et l'ASEAN, le troisième plus grand partenaire commercial de la Chine, le quatrième marché d'exportation et la deuxième source d'importations de la Chine. Par conséquent, la Chine devrait regarder de manière objective les changements dans l'environnement et appréhender avec confiance et tolérance la ? psychologie ? de l'ASEAN en matière de stratégie.