Après la signature de l'accord sur le nucléaire iranien, les pays européens comme l'Allemagne, la Grande Bretagne et la France se succèdent à Téhéran pour relancer les relations diplomatiques rompues pendant des années, à cause des sanctions internationales contre l'Iran.
Thierry Coville, économiste et spécialiste de l'Iran, explique dans l'interview accordée à l'agence Xinhua, les raisons de ces visites par la volonté des pays européens de reprendre leur place sur le marché iranien.
Selon M. Coville, également chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), l'Iran représente un marché très important pour les entreprises européennes.
"Maintenant que l'accord est signé, les entreprises européennes veulent revenir sur le marché iranien d'où ces visites", a analysé Thierry Coville.
D'après ce spécialiste de l'Iran, l'Europe avait sur le plan commercial, la première part de marché en Iran depuis très longtemps.
"Le premier partenaire commercial de l'Iran c'était l'Union européenne (France, Allemagne, Italie, Espagne etc). Mais à cause de la politique de sanctions et sous l'impulsion américaine, les entreprises européennes ont quasiment disparu du marché iranien", a rappelé l'économiste.
Selon lui, c'est bien les européens qui ont payé le co?t de cette politique de sanctions, les Américains n'étant pas présents en Iran. Et l'ouverture du marché iranien ne va certes pas régler les problèmes de la croissance en Europe mais constitue un enjeu pour les entreprises européennes, a-t-il indiqué.
Par exemple, "Peugeot était à 450 mille véhicules vendus en Iran en 2011 avant de quitter en 2012. Ce départ de l'Iran a co?té plusieurs milliers d'emplois à Peugeot. Le potentiel automobile iranien est énorme, et Peugeot avait la première part de marché, ce qui constitue des milliers d'emplois", a expliqué M. Coville.
Toujours dans le secteur automobile, le chercheur cite l'exemple de Renault qui est à "100 mille véhicules vendus par an en Iran. Il fabrique un Logan en Iran et, le potentiel est énorme pour eux".
Dans le domaine du transport aérien, M. Coville a indiqué que "c'est un marché pour Airbus notamment pour toutes les compagnies nationales aériennes iraniennes qui doivent renouveler leur flotte. C'est des dizaines d'appareils qu'ils veulent acheter et, Airbus est bien pressé".
Autant de secteurs en Iran qui représentent selon lui des marchés importants pour les entreprises européennes et qui peut contribuer à créer des emplois en Europe.
Concernant la visite en Iran du ministre fran?ais des Affaires étrangères, Laurent Fabius, M. Coville indique que cela dépasse la seule dimension commerciale.
"La position très dure de la France sur le dossier du nucléaire a été très critiquée dans la presse iranienne : on est accusé d'être des alliés indéfectibles d'Isra?l, de l'Arabie saoudite. C'est pourquoi l'idée est de recommencer à discuter, de partir sur de nouvelles bases afin de revenir à une véritable diplomatie avec l'Iran", a-t-il expliqué.
Selon ce spécialiste fran?ais, c'est une nouvelle page qui s'ouvre entre la France et l'Iran qui avaient des relations diplomatiques très tendue depuis des années.
"La visite de Fabius est symbolique mais très importante, car il n' y avait aucun dialogue entre les deux pays. Et il y a très longtemps qu'il n'y a pas eu de visite de président iranien en France. Le fait que Fran?ois Hollande ait officiellement invité le président iranien en France, est le début d'une nouvelle ère diplomatique", a fait savoir M. Coville.
D'après le chercheur, l'économie iranienne se portait très mal en 2012, notamment à cause des sanctions.
"La pression est montée jusqu'à 45% environ. Il y a eu récession -6% en 2012. ?a allait un peu mieux en 2014/2015, la croissance était au alentour de 2%. Aujourd' hui, l'inflation est au alentour de 4%", a expliqué l'économiste fran?ais.
Selon lui, tant que les sanctions n'étaient pas levées, il était impossible de faire repartir l'économie iranienne parce que les entreprises ne pouvaient pas apporter de biens, d'équipements. Et l'Iran était bloqué à 50% de leur capacité d'exportation pétrolière.
Maintenant que les sanctions sont levées, Thierry Coville estime que si tout se passe bien, en 2016 la croissance pourra atteindre 4% à 5%, et cela, dit-il, peut avoir un effet positif sur l'environnement économique en Iran.