Un tribunal spécial devrait ouvrir mardi le procès de l'ancien président pakistanais, Pervez Musharraf, accusé de haute trahison. Il s'agit du premier procès engagé contre un ancien chef militaire dans l'histoire du pays fondé il y a 66 ans.
M. Musharraf a été inculpé pour avoir abrogé la Constitution alors qu'il a imposé l'état d'urgence en novembre 2007. Selon des experts juridiques, les charges pourraient lui valoir la peine de mort ou l'emprisonnement à vie.
Le tribunal spécial, composé de trois juges issus de cinq cours supérieures du pays, a convoqué M. Musharraf pour qu'il comparaisse au procès, prévu à la bibliothèque nationale, située près du batiment de la Cour suprême.
Les avocats de M. Musharraf avaient essayé d'arrêter le jugement, sous prétexte que le jugement d'un ancien chef de l'armée est du ressort du tribunal militaire en vertu de l'acte martial.
Lundi, la Cour suprême d'Islamabad a toutefois rejeté cette requête, éliminant ainsi tous les obstacles à l'ouverture du procès.
Des experts juridiques estiment que la preuve est solide car M. Musharraf avait lui-même admis avoir imposé l'état d'urgence lors d'une allocution télévisée.
Pourtant, M. Musharraf a justifié sa décision par le fait que la sécurité du pays a été menacée suite aux actes du chef de la Cour suprême d'alors, Iftikhar Muhammad Chaudhry, et de certains autres juges du pays.
M. Musharraf a en outre insisté sur le fait que le Premier ministre élu d'alors Shaukat Aziz avait recommandé de prendre des mesures extra-constitutionnelles, dont la déclaration de l'état d'urgence.
Le Premier ministre Nawaz Sharif a annoncé en juin dernier la décision de procéder au jugement de l'ancien chef militaire pour haute trahison, ce qui a suscité des réactions mitigées.
M. Musharraf a pris le pouvoir en 1999 à travers un coup d'Etat sans effusion de sang ayant renversé le gouvernement dirigé par le Premier ministre Nawaz Sharif.
Agé de 69 ans, l'ancien chef de l'armée vit actuellement dans sa ferme à Islamabad. Il a été libéré sous caution après avoir été impliqué dans trois procès très médiatisés, y compris l'assassinat de l'ancienne Premier ministre Benazir Bhutto en 2007.
M. Musharraf, qui est parti en exil à la suite de sa démission en 2008, est retourné en mars dernier au Pakistan pour prendre part aux élections législatives. Toutefois, sa candidature a été rejetée par la justice.