Avec la chute du régime Moubarak, l'équilibre politique original du pouvoir et la stabilité de la structure sociale en Egypte ont été brisés, les contradictions anciennes et nouvelles se sont entremêlées, et entre les la?cs et les religieux aussi opposés que l'eau et le feu, la lutte entre partis dans une Egypte en transition n'a jamais cessé. Aujourd'hui, l'intervention de l'armée a certes mis fin à la crise, mais quant à savoir si elle va apporter une paix durable et la stabilité en Egypte, c'est un point d'interrogation.
Le 4 juillet, l'armée égyptienne a confié l'administration provisoire des affaires publiques à Adly Mansour, Président du Conseil Constitutionnel de l'Egypte, qui a été désigné président par intérim. Les médias locaux estiment généralement que l'Egypte est désormais entrée dans ? l'ère post-Morsi ?.
? La chute provoquée de Morsi mérite qu'on y réfléchisse ?
Selon M. Tariq, universitaire égyptien et expert en politique du Moyen-Orient, qui s'est exprimé face aux journalistes, l'implication de l'armée égyptienne dans la crise et la destitution du président Morsi est un événement qui va profondément marquer l'histoire de l'Egypte et de la nation arabe tout entière. Il estime que l'année dernière, quand M. Morsi est devenu le premier président élu de l'histoire de l'Egypte, il y avait de grands espoirs. Cependant, un an seulement après cette élection, le fait qu'il ait été contraint de démissionner mérite qu'on y réfléchisse.
Une raison importante est que le vrai visage des forces qui appuient M. Morsi, les Frères musulmans égyptiens, plongés dans une lutte de pouvoir, et dont les idées conservatrices religieuses sont certes respectées mais ne correspondent pas à la situation la?que de longue date de l'Egypte, a été de plus en plus clairement per?u par les gens ordinaires, qui considèrent que la religion et la politique de l'état doivent être séparés. Avec les échecs répétés dans le domaine du développement économique et du niveau de vie, la chute du gouvernement Morsi devenait inévitable. M. Tariq estime que les Frères Musulmans ont toujours été une organisation religieuse et que dans l'avenir ils devraient reprendre leur r?le original dans la vie religieuse.
? L'avenir de la scène politique égyptienne va rester incertain pendant un certain temps encore ?
Selon le Professeur Ye Haiya, on peut s'attendre à ce que dans la période à venir, l'armée travaille avec le président par intérim, le Président du Conseil Constitutionnel Adly Mansour, pour préserver ensemble la sécurité et la stabilité politique nationales, assurer et surveiller l'organisation d'élections présidentielles anticipées, afin d'assurer une transition démocratique en douceur en Egypte. Il pense qu'il est possible qu'il y ait quelques tensions dans certaines régions, mais que tout cela devrait être contr?lable par l'armée et la police.
Mais certains analystes estiment que si l'intervention de l'armée dans la crise politique satisfait l'opinion publique actuelle, cela ne va pas pour autant mettre fin aux troubles. D'abord parce que le renversement par l'armée d'un président démocratiquement élu est une première en Egypte, et d'autre part parce que les forces islamiques mécontentes sont aussi descendues dans les rues pour protester contre le coup de force de l'armée, et qu'on ne peut pas tout à fait exclure la possibilité d'une résistance armée par des forces islamiques extrémistes. Quant à l'avenir des Frères Musulmans, l'expert égyptien du Moyen-Orient M. Adil a souligné que bien que l'armée leur ait porté un coup dur, on devrait rapidement se rendre compte qu'un grand nombre de personnes les soutiennent encore. Si les Frères Musulmans songent à revenir dans la politique égyptienne, alors soit ils vont lancer des mouvements de protestation pour réaffirmer la légitimité du président Morsi, élu démocratiquement, et bloquer la mise en ?uvre de la feuille de route de l'armée, soit ils vont adopter un profil bas et se préparer pour les prochaines élections présidentielles, et tenter de les gagner à nouveau.
Le Quotidien du Peuple (5 juillet 2013, 23 Edition)