Dernière mise à jour à 08h27 le 28/11
1/3Des sculptures exposées dans le Musée national de Chine
2/3Xie Yanshen
3/3Des sculptures exposées dans le Musée national de Chine
En plein coeur de la capitale chinoise et donnant sur la fameuse place Tian'anmen, se situe le Musée national de Chine (MNC). Sa riche collection historique et artistique chinoise a attiré 7,2 millions de visiteurs en 2015, ce qui en fait le deuxième musée d'art le plus fréquenté au monde après le Louvre à Paris.
Si la collection d'objets étrangers n'est pas une tradition dans les musées chinois, l'édifice grandiose du MNC abrite pourtant une salle de 2.000m2 consacrée à l'Afrique: quelque 500 sculptures de différentes époques allant des statues aux masques en passant par les objets de la vie quotidienne.
Sans que le grand public, qui y jette souvent un coup d'oeil curieux, le sache, ces objets exposés proviennent tous de la collection de Xie Yanshen, un Chinois fasciné par l'art africain.
M. Xie est né en 1952 à Shanghai dans une famille d'artistes: son père fut le doyen d'une des plus célèbres grandes écoles d'art chinoises et l'un des pionniers des beaux-arts de la Chine contemporaine. Violoniste professionnel, Xie a décidé à la fin des années 1980 d'enseigner le violon au Togo à l'invitation d'amis. Après avoir posé le pied sur le sol africain, il a été saisi par la beauté de la sculpture africaine.
"L'art africain est puissant. De grands ma?tres d'art modernes et contemporains tels que Picasso s'en inspirent souvent. Pour moi, la sculpture africaine n'est pas seulement une forme d'art, mais aussi un moyen de parvenir à une harmonie entre l'homme, la nature et la société. Elle a un lien étroit avec l'histoire, la religion et la tradition de l'Afrique", dit Xie Yanshen.
S'immergeant dans ce nouveau monde, Xie a entamé sa quête de trésors: il a lu des tas de livres sur l'art africain, fréquenté des marchés d'antiquités locaux et des collectionneurs internationaux, s'est rendu dans des tribus. Il lui est aussi arrivé des aventures: un jour, séduit par une sculpture dans une tribu qu'il visitait, Xie a échangé cette pièce contre sa voiture avec le chef de tribu. Désormais sans moyen de transport, il a d? appeler un taxi pour rentrer...
"Au bout d'un moment, je me suis aper?u que j'avais assez de belles choses -venant principalement d'Afrique occidentale et centrale- pour une exposition", se souvient Xie.
A l'autre bout de la planète, le MNC a rouvert ses portes au public en 2011 après quatre ans de rénovation qui ont vu sa superficie tripler et ses équipements être considérablement modernisés. Remis matériellement au niveau mondial, le musée a eu l'intention de diversifier sa collection pour devenir un musée incluant différentes civilisations.
"A travers mes amis dans les milieux artistiques, je suis entré en contact avec le MNC, qui s'est montré très intéressé par ma collection et ma proposition de donation", explique Xie.
Aujourd'hui, après avoir parcouru le cours de l'histoire chinoise, les visiteurs du MNC peuvent désormais tomber sur ce monde artistique africain. "Peut-être que les visiteurs ne connaissent pas tellement la culture africaine, mais ?a n'empêche pas qu'ils soient touchés par la singularité de ces sculptures", raconte Chen Taiqing, un employé du musée, ajoutant que "ce sont surtout les enfants qui adorent cette expo. Parfois ils amènent leurs planches à dessin pour dessiner ces sculptures".
Le prochain but de Xie: promouvoir les industries culturelles et créatives en Afrique.
"On voit aujourd'hui de plus en plus de touristes dans les pays africains, mais il ne savent pas trop quoi acheter quand ils veulent emmener quelques petits souvenirs chez eux. De fait, les motifs inspirés par les objets d'art africains pourraient être de très bonnes sources pour les souvenirs", dit Xie, précisant être en contact avec quelques designers chinois pour étudier le projet.