Dernière mise à jour à 15h51 le 29/03
Vu la dépendance de ses importations de céréales (blé dur, blé tendre, orge, etc) et la flambée sans précédent des cours de pétrole, la Tunisie est obligée de trouver d'autres formules d'auto-immunité face aux potentielles répercussions néfastes du conflit en Ukraine, l'un des principaux fournisseurs de la Tunisie, a mis en garde mercredi l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE).
Dans son rapport "La guerre en Ukraine : impacts et mesures à prendre", présenté mercredi à Tunis, l'IACE a appelé le gouvernement tunisien à mettre en place une cellule de crise pour déterminer les options à entreprendre d'urgence en matière de diversification de sources d'approvisionnement en céréales.
Pour l'IACE, le problème qui se pose actuellement est la dépendance des importations céréalières, mais surtout un risque de solvabilité élevé.
En effet, la Tunisie importe 84% de ses besoins en blé tendre, pas moins de 40% de ceux (besoins) en blé dur et 50% pour l'orge. Pire encore, la Tunisie trouve également des difficultés en relation avec les capacités de stockage, limitées à trois mois seulement.
D'après les chiffres exposés dans le rapport de l'IACE, la flambée actuelle au niveau des prix du blé et des produits céréaliers serait capable de creuser la charge de compensation à hauteur de 1,3 milliards de dinars (environ 439 millions de dollars) supplémentaires, sachant que les charges prévues dans le budget de l'Etat sont de l'ordre de 2,2 milliards de dinars (743 millions de dollars) pour la compensation des produits de première nécessité.
En l'absence de la compensation, alertent les experts de l'IACE, les prix actuels des céréales à l'international pourraient provoquer une hausse de 20% du prix des pates alimentaires par rapports aux cours actuels.
"Il sera ainsi vital d'éclairer l'opinion publique quant à la délicatesse de la situation et ses répercussions ultérieures (...) force sera de réviser les habitudes alimentaires évitant le gaspillage et, surtout, faire passer l'intérêt général au détriment des intérêts particuliers", lit-on dans le rapport.
Parmi les alternatives, figurent également l'oriententation des ressources hydriques agricoles du pays vers les cultures céréalières pour espérer la réussite des récoltes futures.
Le deuxième volet du rapport de l'IACE concerne les cours du pétrole sur le marché international suite au conflit en Ukraine et une éventuelle pénurie d'approvisionnement mondial. L'IACE rappelle que le budget de l'Etat tunisien pour 2022 a été établi sur la base d'un prix du baril à 75 dollars.
Il s'agit d'une charge supplémentaire pour la caisse de compensation d'environ 7 milliards de dinars (2,3 milliards de dollars). Cette charge supplémentaire, explique l'IACE, affectera directement le budget de l'Etat qui sera obligé de faire élever les prix à la pompe.
Par conséquent, tout un circuit sera systématiquement touché, sachant que les deux tiers de la hausse sera au niveau des carburants routiers et le tiers restant concernera la consommation industrielle, d'où un effet direct sur le prix de l'électricité et la compétitivité des entreprises.
Au vu de cet état des lieux, propose l'IACE, le gouvernement tunisien est appelé à opter pour les approvisionnements en produits essentiels aux dépens de produits secondaires. Le déblocage de l'aide émanant de l'Union européenne, de 300 millions d'euros pour l'appui budgétaire en Tunisie, serait certainement l'une des sources d'apaisement, en la matière.
De plus, les autorités tunisiennes doivent accélérer les négociations avec la Banque mondiale et le FMI pour l'obtention d'une aide exceptionnelle d'urgence qui pourrait atteindre 1 à 1,5 milliard de dollars au titre de l'année 2022, toujours selon l'IACE.